Avril 2007 
PRESENTATION EN ARGENTINE DE LA REEDITION DES 
ETUDES PSYCHIATRIQUES 
DE HENRI EY

Organisée par les sections argentine et française de l’Association franco-argentine de psychiatrie et de santé mentale, avec la participation du Cercle de recherche et d’édition Henri Ey, sera présentée en Argentine au mois d’avril la réédition des Etudes Psychiatriques de Henri Ey, travail auquel l’Association franco-argentine a été associée par la participation active de ses membres (Jean Garrabé, Pierre Noël, Eduardo Mahieu).

Le programme comprend : 

* mardi 17 avril 2007: présentation de la Réédition à  l’Hôpital de San Isidro (Buenos Aires) dans le service de Santé Mentale de Guillermo Belaga 
* mercredi 18 avril : visite aux centres périphériques de santé mentale suivie d'une Table ronde
* vendredi 20 avril : IV Rencontre franco-argentine à Mar del Plata au sein du Congrès de l’Asociación de Psiquiatras Argentinos (APSA). « Henri Ey dans la psychiatrie contemporaine » avec Patrice Belzeaux, Humberto Casarotti, Jean Garrabé, Eduardo Mahieu, Martín Reca et Juan Carlos Stagnaro.
 


 
 
 
Octobre 1954 
HENRI EY EN ARGENTINE

« En 1954, en raison de plusieurs congrès dans notre spécialité et disciplines voisines, l’Argentine reçut de nombreuses visites de psychiatres étrangers. Mais aucun n’a laissé une trace aussi profonde qu’Henri Ey, le « Seigneur de Bonneval », sans doute le psychiatre le plus en vue en France aujourd’hui  (...)».

« (...) Ce fut, dans le terne Congrès latino-américain de santé mentale (Buenos Aires, octobre 1954) qu’il brilla le plus. Il mit l’accent sur l’apport de la psychanalyse à la psychiatrie : la psychanalyse rénovatrice de la psychiatrie, la psychiatrie imprégnée de psychanalyse, la psychiatrie qui ne peut pas se passer de la psychanalyse... Tandis que les psychanalystes se redressaient, les yeux brillants devant cette consécration en plein salon de l’Académie de médecine, les psychiatres classiques s’assombrissaient, les organo-dynamistes se noyaient dans les fauteuils académiques. Jusqu’à ce que Henri Ey prononçât, à la moitié de sa conférence, si bien dite dans un espagnol savoureux, ces tonitruants : « Mais !... Mais ! » qui faisaient craindre un renversement de ses propos. Malgré tout, en dépit des objections et des hésitations, le solde fut favorable à l’orientation freudienne.

Le salon du Dr Pichon-Rivière, grâce à sa gentillesse et à sa noblesse, et malgré son engagement notoire, était devenu l’endroit où tous pouvaient se rencontrer, croiser le fer et se tendre la main. C’est là qu’eut lieu l’ultime rencontre.

Longtemps attendu, l’hôte espéré apparut enfin, bronzé par le soleil printanier au cours d’une grande promenade sur les canaux du Tigre, repu à la suite d’un bon repas criollo, essouflé, chemise ouverte sur son cou épais, comme un bon garçon qui aurait donné libre cours à sa sensualité. Plus désireux de se jeter sur un canapé pour goûter le repos que de répondre aux multiples questions dont le harcelait une assistance hétérogène. La courtoisie recommandait de fraterniser avec l’hôte dans son repos mérité. Mais il ne put faire autrement que d’affronter ceux qui, chargés d’électricité polémique, étaient présents. Une pluie de questions. Celle, pénétrante, posée par le Dr M. Villar, fit découvrir son flanc et le révéler existentialiste. Celle que nous lui fîmes fut sur le nombre et les formes des maladies mentales en relation avec les conditions socio-psychiatriques. Nous obtîmes alors la réponse la plus stupéfiante selon laquelle aussi bien le nombre que la forme des psychoses existaient très probablement depuis des temps immémoriaux, sans quasiment de variations. Comme si un dieu omniscient avait créé la folie, dans son essence et dans ses formes, dans sa diffusion et son extension, pour les siècles des siècles.

Beaucoup capitulèrent devant un tel savoir, tandis que dans l’esprit de certains autres s’installait une inquiétude flottante, un profond malaise. Comment ? Où est la vérité ? Dans le néo-jacksonnisme, dans l’organo-dynamisme (sont elles des doctrines identiques ?), dans la phénoménologie, dans la psychanalyse (laquelle de ses branches abondantes et touffues ?), dans l’existentialisme, dans les entités morbides créées dès le commencement du monde et pour l’éternité ? Henri Ey serait-il éclectique ?

La réponse était celle-ci : « Il ne s’agit pas de concilier par éclectisme des tendances opposées ; il s’agit de pénétrer aussi loin que possible au fond des choses... » (Encyclopédie Médico-chirurgicale, Psychiatrie, tome 1, « Introduction à la psychiatrie », p. 5). »

Gregorio Berman, Nuestra psiquiatría, Paidós, Buenos Aires, 1960.
Traduit par Dominique Wintrebert et publié dans L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE N° 4, « La psychiatrie en Argentine. Blessures et espoirs », Avril 1989, p. 362.


Ancienne clinique de G. Berman, Córdoba, Argentine.