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Pasión por la política
Palombo M.A.
2002;34:6-7  2002; 238: 16
Psicoanálisis, sociedad y cultura 
L'actualité internationale du spécialiste 

La grave crise socio-politique qui traverse l'Argentine incite les psychanalystes à réfléchir sur cette nouvelle situation. La crise n'est pas seulement économique, mais profondément politique. Un paradoxe voit le jour : au discrédit inouï des politiques avec une désaffection sans précédents des partis traditionnels et de l'idéologie néolibérale qui embrassa le pays pendant les années 90, fait face une redécouverte de la passion pour le politique avec un désir d'implication citoyenne. Ainsi des réflexions sur les rapports passionnels entre le sujet contemporain et la politique voient le jour. M.A. Palombo pense nécessaires des précisions fondamentales: passion, caprice, désir, impulsion, doivent être distinguées. La tendance à les confondre a son origine dans la tradition kantienne qui oppose passion à raison. Pour Kant, la passion est un empêchement pour un choix rationnel et éthique, un "cancer de la raison pure". A cette tendance s'oppose celle de la tradition hégélienne pour qui la passion est l'intérêt par lequel l'individualité entière s'adonne à une action et concentre à cette fin ses appétits et énergies, et sans laquelle rien ne s'est fait dans le monde. Hegel oppose plutôt la passion à l’indifférence. Certes, il ne faut pas oublier qu'au fond de ce compromis passionnel, dans le cas du politique et de la préoccupation pour la chose publique, gît Thanatos. Mais le délaissement de "la politique aux politiques" si typique des démocraties représentatives conduit au désintérêt pour les affaires de la communauté. En temps de crise, lorsque le système éclate peut apparaître une attitude aboulique mélancolique d'indifférence suicidaire. Selon l’auteur, le danger majeur sont les syntagmes: "la politique est sale", "tous pareils", etc., car ils confondent la critique envers la perversion d'une pratique avec la critique de la pratique même. Ils asphyxient toute possibilité de solution authentiquement démocratique.

Subjectivité et politique ; l’expérience argentine

Ce numéro de Topía s’est consacré aux retombées de la crise en Argentine et à ses effets sur la subjectivité. Pour E. Galende, la modernité impose au sujet de vivre avec un nouvel acteur social : le marché. Nous vivons en toute familiarité avec les valeurs et les termes du marché et nous percevons qu'ils régulent nos vies quotidiennes et notre futur. Pour ne pas rester exclu, on se doit d'acquérir la capacité de traiter cette information pour pouvoir opérer dans son économie personnelle et son futur. Avec la mondialisation, le marché régule la vie sociale et politique en se basant sur les seuls intérêts économiques délaissant les considérations de lien social aux initiatives des individus en détriment de l'Etat.

Démocratie formelle

La passion politique tend à se diluer dans les enjeux d'intérêt économique et la démocratie devient de plus en plus formelle, régulant seulement quelques unes des relations entre les citoyens. Surgit alors le sentiment que le pouvoir réel n'est plus en jeu dans le débat: tout échappe au politique. Programmes, leaders, partis, trois piliers de la politique traditionnelle se voient mis à mal : campagnes politiques basées essentiellement sur des symboles, des images avec peu d’appui discursif, peu d'argumentations mais plutôt de phrases courtes sans mobilisation idéologique et sans sujet social visible. Les ONG occupent dans ce contexte la valeur refuge. Ni Etat, ni marché, elles fonctionnent comme des mouvements culturels utopiques, basant leur force sur l'action solidaire de ses membres et sur un intérêt plus symbolique qu'économique. Mais, contraintes à des activités caritatives, elles n'ont pas une capacité réelle à préserver au sein de la société les valeurs de solidarité.

Le retour communautaire

Comment circule alors le désir et la passion pour le politique dans ce contexte? Une tentative de maintien de vie sociale solidaire à l'écart de la représentativité politique voit le jour: des groupes assez hétéroclites proposant de nouvelles voies de salut dans le seul repli communautaire: le quartier, une situation sociale commune, etc., avec un seul slogan: "tous les politiques dehors!"

Leur expérience se voit progressivement liée à des lieux partiels et exclus. Ce désintérêt pour la politique représentative a un fort impact sur la société globale qui se désagrège, lui faisant violence et engendrant de la violence. La chute de l'idéal utopique que la démocratie représentative offrait en aspirant à des transformations sociales pour le bien commun, laisse place au défi de transformer ce qui est perçu comme le seul transformable: le quartier, le bidonville, le village.

Au risque de la démocratie

Pour Galende, cette perte de la lutte pour l'espace publique global, domaine de l'Etat, non seulement laisse un vide mais cède tout pouvoir réel au domaine tout puissant du marché. Inévitablement la perte de représentativité des politiques comme représentants solidaires de l'intérêt commun peut conduire à la chute de la démocratie comme système de coexistence. Reste comme solution à produire cet effort que Castoriadis définissait comme une nouvelle création imaginaire d'une importance inégalée dans le passé, plaçant au centre de la vie humaine des significations autres que l'expansion de la production et de la consommation... En somme une nouvelle utopie politique pour laquelle se passionner.

Galende E., La pasión política, entre el interés y la solidaridad, Topía;2002;34:4-5.
Castoriadis C., El avance de la insignificancia, Eudeba, 1997.

E. Mahieu