Brève du jour – Federico OSSOLA

Brève du jour 
 

Samedi 30 mai. Garde aux urgences de l’hôpital général.

Avec les infirmiers, nous constatons le « retour des  angoissés » qui étaient restés sagement chez eux pendant la période de confinement, période qui a été étonnement calme en termes d’activité pour l’équipe de psychiatrie des urgences.

Au-delà d’une facilitation pour l’accès aux soins et d’une diminution de la crainte du COVID-19 associées au dé-confinement, comment interpréter ce retour ?

Est-ce le retour à une certaine normalité ce qui permet l’expression des angoisses et les demandes de prise en charge ? Ou bien serait plutôt quelque chose de cette « normalité » qui en serait la source ?

La présence d’un psychiatre 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 rend l’accueil des urgences, au moins sur notre secteur, le seul lieu qui propose une continuité absolue pour la rencontre avec  un interlocuteur quand la détresse s’impose au sujet. Dans ce sens, le confinement a introduit une discontinuité qui n’a pas été sans conséquences pour les patients. Comment ont-ils supporté l’angoisse pendant le confinement ? Et la nature de cette angoisse, aurait-elle été teinte d’une couleur différente de celle de l’angoisse « normale » ? Dans ce sens, comment articuler le rapport continuité/discontinuité à l’angoisse?

Je n’introduis pas ici une distinction liée à la psychopathologie sur la nature de l’angoisse car le retour des angoissés se présente comme un phénomène général qui réunit les patients souffrant de psychose, ceux d’une structure plus névrotique, les personnes en situation de précarité, les premiers contacts avec la psychiatrie, les adolescents, les personnes âgées, etc.  Comme si  au-delà des structures psychiques et des situations vitales, ce retour se produisait autour de quelque chose de commun.

Ou encore, le retour aux urgences permettrait aux patients de confirmer la possibilité d’un retour aux habitudes « d’avant » et la permanence dans « l’après » des points d’étayage ?  S’angoisser pour se rassurer ?

Pour l’heure, plus de questions que de réponses.