Intervention de Susana Elkin pour l’AFAPSM au colloque « Psychiatrie et Santé Mentale en Amérique Latine »

ERIE Affiche

Le 11 février 2016

Présentation de l’Association franco-argentine de psychiatrie et santé mentale AFAPSM par Susana Elkin (présidente de l’ 2014-2015) lors du Colloque organisé par ERIE : Psychiatrie et santé mentale en Amérique Latine au Groupe hospitalier Paul Guiraud. Villejuif. France.

Depuis sa création, au début des années 2000, l’association franco-argentine de psychiatrie et de santé mentale, l’AFAPSM, maintient une activité qui n’a jamais flanché.

L’association a organisé en 16 années d’existence plus de dix colloques internationaux.

Les thèmes des colloques sont choisis en mettant en tension la réalité de la psychiatrie en Argentine et en France. Ainsi les sujets abordés intéressent l’actualité de nos deux pays et nous invitons des intervenants de deux côtés de l’océan. Pour ne citer que les colloques les plus récents, ceux des deux dernières années ont été consacrés au débat autour de la procréation médicalement assisté, les questions de genre et les nouvelles familles. Les nouvelles pratiques et questions cliniques qu’elles impliquent, mais aussi le retentissement social et juridique qu’elles provoquent dans nos deux pays ont tissé le fil rouge de nos débats. Pour cela nous avons fait appel à des acteurs de la société civile comme des juristes, avocats, sociologues ou philosophes en plus de nos collègues psychologues et psychiatres.

 Parallèlement à la genèse de ces colloques, l’association a organisé plusieurs soirées, notamment autour de figures de la psychanalyse en argentine. Quelques unes de ces soirées ont permis la publication d’une collection dirigée par le Dr. Martin Reca, aux éditions L’Harmattan. Elle est actuellement composée par deux livres : l’un consacré à Enrique Pichon Rivière, le second dédié à Heinrich Racker, nous sommes en train de préparer la publication d’un troisième qui sortira dans l’année sur Marie Langer.

 Nous avons des liens privilégiés avec certaines publications françaises, telles que L’Information psychiatrique, à travers le Dr. Thierry Trémine. En Argentine nous gardons une grande proximité avec la publication de la revue Vertex, principale revue de psychiatrie en Argentine, dirigé par Juan Carlos Stagnaro en coopération avec Dominique Wintrebert, co-fondateurs de l’association.

 Nous avons collaboré avec d’autres associations scientifiques, comme le Cercle Henry Ey. Notre dernier colloque en septembre 2015 a été co-organisé avec l’ASPIC, association scientifique de psychiatrie et d’interrogation clinique du Centre hospitalier « Les murets » de la Queue en Brie. Nous sommes proches également de « Psychanalyse et transferts culturels » dont la directrice est Diana Kamienny, co-fondatrice de l’AFAPSM. Des liens avec l’université de Paris VII sont en train de s’établir par l’intermédiaire de Lucia Bley, vice-présidente actuelle.

 Les liens directs nous unissent avec des institutions scientifiques argentines, comme APSA, Asociacion de psiquiatras argentinos, avec laquelle notre association participe aux congrès qui se déroulent en Argentine. Au dernier congrès organisé par l’Association Mondiale de Psychiatrie, notre association a été représentée par Perla Dreschler, ancienne présidente de notre association.

 L’AFAPSM a aussi collaboré dans des traductions, par exemple a travers Eduardo Mahieu, lui aussi ancien président, qui a co-traduit le  Traité des hallucinations d’Henri Ey. Nous nous sommes engagés également à participer à la traduction de la Classification Française des troubles mentaux de l’adulte parue récemment (CFTMA) comme vient de le dire le dr. Jean Garrabé, qui est un ami fidèle de l’AFAPSM.

Une partie non négligeable de notre activité consiste à mettre en lien des psychologues et des psychiatres qui veulent se rendre dans l’autre pays.

A travers notre site, des psychologues ou psychiatres français nous contactent pour faire des stages. Les argentins sont ravis de recevoir les français et nous travaillons étroitement avec plusieurs hôpitaux de la capitale, destination la plus prisée par les jeunes français. En ce moment, deux psychologues françaises font des stages de six mois et un an à Buenos Aires. Deux psychiatres français sont en train de préparer leurs voyages. Les français sont surtout intéressés de voir l’incidence de la psychanalyse dans les institutions de soin argentines, et sont très intéressés à l’idée de découvrir des pratiques cliniques originales. Par ailleurs, il serait intéressant que les stages faits en argentine soient validés dans les formations françaises. En général le contact avec les hôpitaux argentins se fait de façon informelle, par des contacts personnels, notamment ceux de Maria Romé et Cecile Stola. Notons qu’il y a quelques années, une convention de partenariat a été signée entre l’ Etablissement public de Santé Erasme et l’hôpital Montes de Oca en Argentine grâce à l’intervention de notre association.

 Dans le sens sud/nord (Argentine/France) la situation est plus simple. L’internat de psychiatrie et de psychologie argentin, propose aux internes de faire un stage selon leur choix. Certains choisissent l’étranger. L’interne (psychologue ou psychiatre) argentin continue à être payé par les instances argentines, pendant son stage à Paris. Chaque membre de notre association s’efforce de recevoir ces jeunes professionnels dans le service où il exerce ; ainsi le Dr. Wintrebert, à l’hôpital des Murets reçoit depuis plusieurs années des argentins .

En 2015, par exemple, le service du Dr. De Pecoulas à Sainte Anne, où je travaille, a reçu une quinzaine de stagiaires psychologues et psychiatres. Ils sont très curieux de voire notre façon de travailler, surtout au niveau institutionnel et des dispositifs extrahospitaliers proposés aux patients.

Cela intéresse grandement les internes argentins qui souvent auront des postes dans les hôpitaux argentins, amenant avec eux leur expérience française. En Argentine une « nouvelle «  loi sur la santé publique a été promulguée en 2011 qui invite les professionnels à créer de nouveaux dispositifs de suite et des structures extra hospitalières. Les professionnels argentins gardent un bon souvenir de leur formation à Paris et nombreux sont ceux qui se disent prêts à rester en contact avec nous. Leur proposer, nous proposer un lieu de travail commun ne peut que nous réjouir. Récemment j’ai formé un groupe Facebook fermé avec des anciens qui sont passés par le service depuis 5 ans, avec des psychologues et des psychiatres très actifs.

 Comme vous le voyez, notre association est très dynamique. Pourquoi ? Est-ce que cela tient à la diversité qui nous constitue ? Les membres du bureau sont, dans une grande majorité des psychanalystes, comme le veut la tradition argentine ! Mais, notre bureau est formé par des psychiatres et psychanalystes d’écoles différentes, ce qui n’est pas du tout la tradition. Dans ce bureau il y a aussi un mélange de psychiatres et de psychologues, ce qui n’est pas non plus une tradition dans une société de psychiatrie. Est-ce que notre dynamisme est le produit de ces particularités ? Surtout, nous avons introduit une permutation qui fait que, depuis sa création, notre association change de président tous les deux ans. C’est ainsi que, depuis sa création en décembre 1999, nos membres ont porté à la tête de l’association huit présidents différents, et jamais deux fois le même.

 En tout les cas, comme vous pouvez le constater, l’organisation des colloques, des soirées, les projets d’édition, les contacts constants avec d’autres associations scientifiques ou culturelles, les stages, les travaux de traduction, sont le produit du travail constant de notre bureau. Il se réunit une fois par mois, et se renouvelle tous les deux ans. Je viens de finir mon mandat, et celui qui commence est présidé par le Dr. Federico Ossola qui travaille au pôle Clamart.

 Il ne me reste qu’à souhaiter, et je me fais la porte-parole du bureau de l’association, que de nouveaux liens puissent se créer avec toutes les associations franco latino-américaines de psychiatrie et santé mentale, à travailler dans un futur, pour échanger dans une collaboration étroite porteuse de fruits et de créativité au service de ce qui nous unit : les pratiques institutionnelles en psychiatrie et le travail clinique avec nos patients, ici ou là bas.

 Susana Elkin