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MA RENCONTRE PERSONNELLE AVEC JOSE BLEGER
JUAN DAVID NASIO
Lundi 16 juin 2003
D'abord, je voudrais vous dire mon plaisir de partager cet hommage à un psychanalyste que je tiens pour l'un des plus emblématiques du foisonnement théorique de l'Ecole Argentine.
* Relation affective
- Je suis allé deux fois solliciter auprès de lui un apport matériel au Mouvement des jeunes psychiatres communistes.
- Il m'a beaucoup encouragé pour un de mes premier écrits sur Les deux temps de l'apprentissage.
- Et surtout, sans hésiter, avec la
générosité et son désir de stimuler la formation
des jeunes, il m'a soutenu dans mon projet de venir en France travailler
avec Lacan. Formellement, j'ai obtenu une bourse du gouvernement français
pour étudier à l'Ecole Freudienne de Parie et mes deux parrains
étaient mon maître en psychiatrie, Mauricio Goldenberg et
l'autre José Bleger. Je garde très jalousement leurs deux
lettres de recommandation.
Il arriva qu'en prenant une des avenues, Boulevard Arago peut-être, je vis devant la voiture, sur la chaussée une masse blanche, probablement un sac en papier ballotté par le vent, et, distrait par mon enthousiasme de cet événement que signifiait accueillir Bleger dans ce Paris qui était un peu ma maison, eh bien, sans m'en apercevoir, je roule négligemment sur le papier et je suis surpris de voir mon passager sursauter, inquiet et me dire: "En Argentine ou en Israël, on n'aurait jamais fait montre d'unetelle insouciance par qu'un colis de ce type pourrait dissimuler des explosifs.
L'autre souvenir cocasse concerne la Tour Eiffel. Dans une de mes lettres, je disais voir sur le balcon la célèbre Tour Eiffel et vous l'imaginez bien, en arrivant à mon petit appartement de boursier, Bleger se dirigea vers le balcon, au 7eme étage, pour admirer le célèbre monument, et se tourna ver moi, me demandant: "Et la Tour Eiffel, où est-elle?". Et moi embarrassé delui répondre, parce que je réalisais à l'instant que la Tour Eiffel qui avait pris tant d'importance pour moi, n'était qu'une silhouette lointaine qui se détachait sur l'horizon |
Vous imaginez que fut mon désarroi lorsque j'appris, un an plus tard, la nouvelle de sa disparition brutale. Je garde toujours une inaltérable affection et respect pour ce grand maître de la pensée analytique.
Et puis une affinité dans l'intérêt pour certains thèmes théoriques que j'ai découvert récemment, ces dernières années et à l'occasion de cet hommage.
Je n'en évoquerai que deux:
- Le développement du Moi dans la cure dépend de la capacité du cadre analytique à fixer le non Moi.
- Le cadre analytique, c'est le non-processus, le non-Moi.
- Le courant théorique dans lequel il s'inscrit à partir de l'hypothèse de Freud d'un Moi souple, capable de se déformer ou de se diviser pour éviter de se détruire; ou encore cette autre hypothèse freudienne présente dans l'Abrégé quand il écrit: "Le problème de la psychose serait simple et clair si le Moi se détachait totalement de la réalité, mais c'est là une chose qui se produit rarement. A partir de cette théorie freudienne de la nécessité de partialiser le Moi, théorie que la clinique des psychoses confirme chaque jour, de nombreux auteurs dont Fairbain, Bion et Bleger ont développé la théorie des parties psychotiques de la personnalité. Moi-même, par un biais très différent venant de l'école lacanienne, j'ai rejoint ce courant en proposant la notion d'un sujet feuilleté et non plus d'un Moi parcellaire.
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psy.francoarg.asso@free.fr |