JEUDI 22 SEPTEMBRE 2005
Thursday september 22nd 2005 :

100, rue de la Santé. Paris, 75014 

EAHP.secretary@elan-retrouve.asso.fr

08h30 : Accueil et lieu du Congrès : Reception 100, rue de la Santé, Paris, 75014 

09h00 : Ouverture : Opening Mr Jacques Toubon, Pr Jacques Arveiller (Fra  ),  

09h30 - 10h30 :
Conférence plénière Plenary lecture
Salle :
Pr Hugh FREEMAN (G.B.  ) : Psychiatry in Britain around 1900. The word “psychiatry” was largely unknown in the English-speaking world around 1900 and the terminology used for mental illness was complex. By then, a system of publicly-funded asylums covered the whole of  the British Isles, paid for largely by local property taxes.  However, from 1874, a weekly subsidy for every pauper in-patient from the national Treasury was the first time it accepted responsibility for any health or welfare service. The functioning of mental hospitals had become even more constricted by legislation in 1890 and concern was growing about the constantly increasing numbers of patients resident there. The reasons forthis increase are explored here. Through the influence of “degeneration” theory and eugenics, a deeply pessimistic view of mental illness dominated psychiatry. Academic psychiatry and research hardly existed then in Britain, though there were some influential writers, including Henry Maudsley. A particular feature was the development of neurology as an independent and important specialty, rather than a combined discipline of neuropsychiatry. In comparison, psychiatry had a much lower prestige and no presence in university clinics, though its professional organisation had been founded as early as 1841. One of the most interesting aspects of the   care of the mentally ill in Britain was the evolution of mental nursing. By 1900, there was a specialised cadre of mental nurses, separated from untrained attendants; their professional development was more advanced than in most other countries.  The needs of  the Empire were an important influence, with mental hospitals established on the British model in many parts of  the world.

(anglais/english) 

Modérateurs Moderateors : Jacques Arveiller (Fra  ), François PETITJEAN (Fra  )

10h30 - 11h00 : Pause café - Forum Coffee Break

11h00 - 12h30 :
Salle:
Symposium "L'Evolution Psychiatrique" Evolution psychiatrique
Président Chair: Luciano DEL PISTOIA (Ital  )

J ARVEILLER (Fra  ) : Causalité historique et causalité en psychiatrie. La position historiographique de Georges Lantéri-Laura.Georges Lantéri-Laura a disparu en 2004, laissant une œuvre considérable, et largement diffusée en Europe, concernant l’histoire de la psychiatrie. On tentera ici de cerner quels sont les traits principaux de ce que l’on peut appeler sa position (ou posture) d’historien, en fournissant des exemples tirés de son œuvre. 
Georges Lantéri-Laura, était tout à la fois historien et praticien de la psychiatrie. A-t-il pour autant écrit une « histoire de praticien », au sens dépréciatif du terme, visant sans le dire à magnifier et à consolider son institution d’appartenance ? On montrera que ce n’est aucunement de cela qu’il s’agit. Resté assez classiquement attaché à une fonction élucidative de l’histoire pour expliquer les idées et les pratiques contemporaines, Georges Lantéri-Laura présuppose donc, comme Henri Ey, la permanence historique d’un fait psychopathologique fondé en nature, récusant un constructivisme radical, qui voudrait voir la psychopathologie comme pur produit des institutions humaines. Ce n’est pas pour autant qu’il pense les théories psychiatriques comme « solides » , c’est à dire continues et cumulatives. Il ne cessera d’insister, au contraire, sur leur caractère relatif, discontinu voire évanescent, son criticisme le menant peut-être (on a pu lui en faire reproche), à l’éclectisme théorique, voire à un certain scepticisme. On tentera de montrer ici que sa position d’historien est celle d’un phénoménologue : créer les conditions pour que la réalité historique se révèle à nos yeux, une réalité que l’on pense  intrinsèquement ordonnée (non-chaotique), sans lui présupposer ni lui affecter, pour autant, un mode d’organisation a priori. Une véritable cumulativité des connaissances ne se retrouve donc avec lui qu’à un niveau descriptif (la clinique descriptive, la sémiologie) ; quant à la continuité historique, elle n’est finalement interrogée que comme une éthique de l’historien : produire du sens en recherchant envers et contre tout des continuités, même si ce qui se donne à voir à ses yeux se révèle souvent bien discontinu. 
L’Histoire, comme souvent la psychiatrie, fournit plus volontiers des « comment » plutôt que des « pourquoi ». La leçon historiographique que nous lègue Georges Lantéri-Laura est celle d’une déception assumée dans la quête, pourtant activement continuée, des causes dernières, tant en psychiatrie qu’en histoire. 

Patrice BELZEAUX (Fra  ) : Place des “ Etudes psychiatriques ” (1948-1954) d’Henri Ey dans son œuvre. “ Etudes psychiatriques ” œuvre clinique et théorique, représentant aujourd’hui un inestimable “ trésor clinique ”. Cet ensemble exceptionnel est l’objet de la réédition que nous sommes en train de mener à bien. La construction des trois volumes des “ Etudes psychiatriques ”, “ psychopathologie générale et méthodologie ”, “ sémiologie ”, “ structure des psychoses aiguës ” obéit à un désir d’organiser le savoir clinique et de fixer les termes d’une théorie généralisée du fait psychopathologique. Cependant, de même que les “ Etudes ” remettent à plus tard l’examen des psychoses chroniques, de même il nous est apparu significatif que le tome “ sémiologie ” ne consacre pas une seule étude à la clinique et au problème des hallucinations (en dehors du rêve) alors même qu’Henri Ey en avait fait l’essentiel de ses très nombreuses publications de 1932 et de son ouvrage de 1934 (Hallucination et Délire) : manifestement il en remettait l’étude à plus tard considérant que “ la clé de voûte de la psychopathologie ” méritait un examen sérieusement approfondi… et ce fut les 1800p. du “ Traité des hallucinations ” (1973).. Avec cet examen se produisit un changement de centre de gravité du nosologique étagé organiciste vers la psychopathologie de l’organisation. S’est alors modifiée l’exhaustive et indépassée présentation des tableaux cliniques du tome III qui alliaient grande tradition clinique, phénoménologie existentielle et structurale, approfondissement psychanalytique.

(français/french)

Jean GARRABE (Fra  ) : De Vincenzo Chiarugi à Philippe Pinel. Florence 1793-Paris an IX.La fin du Siècle des Lumières a été marquée par la parution dans plusieurs états européens d’ouvrages sur le traitement médical de la folie, notamment à Florence en 1793-1794 de Della Pazzia in genere ed in specie.Trattato medico-analitico con una centuria di osservazioni  de Vincenzo Chiarugi (1759-1820) et à Paris,en l’an IX de la République,du Traité médico- philosophique sur l’aliénation mentale ou la manie de Philippe Pinel(1745-1726).Ce dernier porte sur le travail de son contemporain un jugement extrêmement sévère qu’il répète dans la seconde édition entièrement refondue de son traité(1809). Sans nous immiscer dans une querelle d’antériorité sur la libération des fous de leurs chaîne de fer, comme celle qui éclata à la fin du XIX è siècle entre Alexandre Brierre de Boismont (1797-1881) et Carlo Livi (1823-1877), nous pouvons, comme le fit Georges Lantéri-Laura (1930-2004) lors de la journée d’étude organisée par l’Evolution Psychiatrique pour commémorer la nomination de Pinel à Bicêtre, comparer leurs conceptions respectives de la pazzia et de l’aliénation mentale et les conséquences thérapeutiques qu’ils en tirent dans le contexte culturel et politique de leur temps dans le Grand-Duché de Toscane et dans la France révolutionnaire.

(français/french)

A. KOIZUMI (Jap  ) : Histoire des échanges franco-japonais en psychiatrie.  En raison de la fermeture de notre pays ce n’est que par des contacts avec les diplomates hollandais que le Japon a connu l’Occident et la France. Mais en ce qui concerne les relations franco-japonaises dans le domaine de la neurologie et de la psychiatrie c’est par le stage de Kinnosuké Miura  dans le service de Charcot à La Salpêtrière et par la visite de S. Kuré au Pr.E. Régis  à Bordeaux en 1898 qu’elles commencent. S.Kuré vrai fondateur de la psychiatrie japonaise n’a laissé que peu de traces sur ces  premiers échanges. C’est  le  professeur S. Imamura,fondateur du service de l’Université Impériale de Kyoto,qui a le premier introduit la psychiatrie française au Japon, ainsi que le Pr. T. Miura, titulaire de la chaire de l’Université de Keïo, et le Pr. M. Murakami titulaire de celle de l’Université de Kyoto, et leurs successeurs. Du côté français on citera le Dr. P.Guiraud et le Dr. A. Thomas avec qui échangeait le Pr.T. Miura, ensuite le Dr. H.Ey et le Dr. E. Minkowski, le Pr. J. Delay, le Pr. Pichot et le Pr. Deniker, le Pr. Pélicier jusqu’au Dr.J. Lacan, sans oublier les contributions du Dr. J. Garrabé et du Pr. J.F. Allilaire. A l’ère ou la psychiatrie nord-américaine colonise complètement la psychiatrie japonaise avec le D.S.M., l’influence de la psychanalyse étant fort limité, où va, après avoir été fortement imprégnée par la psychiatrie germanique et modérément par la française, la psychiatrie japonaise ?

(français/french)

Salle: 
Symposium "Travail et Psychiatrie" Work & psychiatry
Président Chair: Christophe DEJOURS (Fra  )

John BURNHAM (Etats Unis  ) : How psychiatrists failed to medicalize the syndrome of accident proneness (Unfallneigung).  The syndrome of accident proneness (Unfallneigung) was described at the time of Worid War I simultaneously and independently by a German psychologist and a group of British industrial psychologists. Both British and German workers viewed the behavior of repeatedly having accidents as an aspect of a person's personality. Physicians who noticed patterns of deviant behavior took an interest in the syndrome. Psychiatrists who were influenced by the teachings of Sigmund Freud at once recognized that the syndrome would fit in with ideas ofunconscious motivation. Yet accident proneness appeared but rarely in either the psychiatric or psychoanalytic literature. This paper will examine how medical personnel did invoke  The concept - and how they did not. Even in the middie-to-late twentieth century, when psychiatrists had maximum cultural authority, they did not embrace the concept of accident proneness, which was instead taken up by psychologists and safety experts, who in turn lost out, largely, to engineers. The idea persisted in some countries in screening pilots and drivers, and it remains in 2005 a part of popular psychopathology. The paper is based on a very extensive survey of medical and technical literature.

(anglais/english)

Yves  CLOT (Fra  ) : Psychiatrie du travail de l’après-guerre : point de vue critique.Les contradictions du mouvement qui associe le travail à l’émancipation vis-à-vis de l’asile ont abouti aussi à des impasses. L’apport de la psychologie du travail inspirée du psychologue russe de l’entre deux guerre, Lev Vygotski est de montrer qu’une condition pour pouvoir penser le travail dans ses différentes modalités et contextes, est de se référer à l’analyse de ses aspects concrets, soit autrement à « l’activité de travail ». C’est une manière de rompre avec la psychologie du travail du début du siècle, fondée sur le concept d’aptitude et qui a pu inspirer la psychiatrie du travail de l’après guerre. Ainsi, c’est l’analyse de l’activité, terme qui sera explicité, qui aurait fait défaut aux fondateurs de la psychopathologie de travail et de la psychothérapie institutionnelle.

(français/french)

Pierre-Olivier MATTEI (Fra  ) : L’Ergothérapie selon Hermann Simon (1867-1947).L’utilisation du travail par les institutions accueillant des malades mentaux, qu’elles aient ou non une intention thérapeutique, est très ancienne. Mais, P. Pinel (1745-1826) est l’un des premiers en France à envisager le travail en tant que composante d’une méthode médicale de traitement. Avec lui, selon F. Tosquelles (1912-1994), débute l’ère moderne de l’ergothérapie. Elle connaîtra son apogée cent ans plus tard, à la charnière du XIXe et du XXe siècle, grâce aux travaux du psychiatre allemand H. Simon (1867-1947). L’élaboration théorique développée par Simon à partir du matériel clinique accumulé à l’hôpital de Warstein, puis dans celui de Gütersloh, les applications pratiques qu’il envisage, donnent une grande envergure à l’ergothérapie en psychiatrie. Simon considère qu’une relation d’influence réciproque unit le malade et l’institution et que l’ergothérapie rend possible une utilisation thérapeutique de ce lien. Cette avancée débouchera sur les thérapies dites actives dont les précurseurs des thérapies institutionnelles feront la promotion après la deuxième guerre. Les travaux de Simon revitalisent aussi la vieille idée de réadaptation sociale par le travail, en lui donnant une dimension thérapeutique, dans une Europe du Nord à la fois rurale et industrielle, où le travail est fortement investi moralement. Ainsi sont déjà posés les enjeux et les ambiguïtés des soins de réadaptation ou de réhabilitation psychosociale, dans la mesure où le travail devient à la fois objet thérapeutique et aboutissement d’un processus de soin.

(français/french) 

Joseph TORRENTE (Fra  ) : Histoire de la psychopathologie du travail.De tout temps les pensionnaires des asiles ont travaillé. Volontairement ou non, pour des raisons souvent économiques, parfois aussi à des fins de rééducation et de réinsertion. Dans les années 1920, la tradition du travail à l’asile fait un retour en force sous la houlette de Hermann Simon qui en propose une théorisation. C’est dans la continuité de ce mouvement ainsi que du mouvement anti-asilaire qui est apparu au lendemain de la seconde guerre mondiale, que s’inscrit la psychopathologie du travail moderne. Mais cette fois-ci, c’est que le travail se voit attribuer avant tout un rôle thérapeutique au sein de l’hôpital psychiatrique et un rôle adaptatif au sein du milieu social, que nous dirions aujourd’hui ordinaire. Cependant travailler pour se soigner et travailler en « milieu ordinaire » sont des activités fort différentes, et les contradictions entre ces deux cadres conduisent ceux qui réfléchissent à ces questions à des impasses pratiques et théoriques.  Au cours de cette journée, nous aimerions nous pencher sur les obstacles auxquels se sont donc heurtés les figures fondatrices du mouvement de la psychopathologie du travail, Paul Sivadon et Louis Le Guillant. En effet, ces contradictions, ces impasses, sont toujours d’actualité et il ne peut qu’être enrichissant de nous pencher sur la façon dont ils ont tenté de sortir de ces contradictions, sur les pratiques et les concepts auxquels ils ont fait appel.

(français/french)

Salle: 
Symposium "Sexualité et Psychiatrie" Sexuality & psychiatry
Président Chair: Valeria BABINI (Ita  )

David ALLEN  (Fra  ) : Véritable clinique des succubes. Le problème des incubes (les diables séducteurs hommes) et des succubes (diablesses séductrices femmes) traverse l'histoire des religions et du folklore pour rejoindre la psychopathologie et la psychanalyse. Il est important de constater le lien qui se tisse entre rêve, sexualité, désir et angoisse. La question paradoxale posée par les juments de la nuit est celle qui lie l'angoisse au désir. La tradition démonologique a su que le rêve et le cauchemar étaient des lieux de danger car, dans nos moments de faiblesse, les émissaires du diable peuvent faire effraction avec une certaine facilité, surtout chez les personnes esseulées. Le frère Sinistrari rend compte de ce problème dans son livre "De la démonalité des incubes et des succubes", et l'Eglise a, pendant longtemps, soigné l'angoisse sexuelle des pauvres pécheurs, pour le plus grand profit de l'Eglise établie. Ernest Jones va commenter la présence d'agents du diable dans son texte classique "Le cauchemar", où il reprend même les thèses, exposées par Leuret en 1834, sur l'adhérence populaire à la croyance dans la matérialité des incubes et des succubes. On est renvoyé ici au débat classique entre Jean Wier et Jean Bodin, le deuxième soutenant que le Diable avait la capacité de transformer la matière même. Jacques Lacan reprend le débat dans son séminaire sur l'Angoisse, et il réunit rêve et cauchemar dans la réalisation du désir. C'est à partir de ces coordonnées historiques et cliniques que nous nous proposons d'interroger le fonctionnement de ces créatures de rêve.

(français/french)

Philippe BRENOT (Fra  ) : Histoire vraie de la persécution de la masturbation du XVIII° au XX° siècle.  De nombreuses idées fausses circulent en ce qui concerne la masturbation et sa répression en Occident. Tout d’abord des croyances populaires issues de cette même répression : la masturbation serait condamnable, coupable, délétère sur le corps et la psyché et donc génératrice de maladies pour soi et pour le couple. Ensuite des croyances issues d’une méconnaissance historique, protectrice des religieux et des médecins, dont des psychiatres qui ont été complices de cette longue persécution. La croyance-alibi était celle d’un interdit biblique qui aurait justifié ces pratiques coercitives. En réalité, la masturbation n’est nulle part mentionnée dans la Bible, elle n’est que l’objet d’interprétations ultérieures. Des attitudes variées ont été observées selon les siècles, plus ou moins libérales, plus ou moins restrictives en matière de liberté sexuelle, mais rien de très spécifique quant à la masturbation. C’est aux 17 et 18è siècles que s’organise cette histoire en trois actes. Premier acte en Hollande : entre 1604 et 1677 Jansen, De Graaf et Van Leeuwenhoek découvrent successivement le microscope, l’ovule et le spermatozoïde.  Deuxième acte à Lausanne, en Suisse, en 1759, où Dutoit et Tissot décrètent l’interdit de la masturbation et où Voltaire et Rousseau, leurs voisins et amis, vont permettre de le “faire savoir”. Troisième acte : religieux, médecins et psychiatres appliquent cet interdit du 18 au 20è siècle. Cette répression médico-religieuse, qui a culpabilisé, refoulé et castré, des milliers de jeunes adolescents, garçons et filles, n’a pu s’exercer que par un artifice sémantique permettant en moins d’un siècle d’appeler onanisme (acte condamné par la bible) la masturbation, qui n’était l’objet d’aucun interdit sacré, alors que l’onanisme n’avait rien à voir avec la masturbation puisqu’il s’agit d’un “coït interrompu”.

(français/french)

Hervé HUBERT (Fra  ) : L’Invention transsexuelle.   Le transsexualisme a été défini comme syndrome médical pour la première fois en 1953 par le Docteur Harry BENJAMIN, endocrinologue américain. Robert STOLLER, psychiatre et psychanalyste à la Gender Clinic de Los Angeles fera en 1968 de ce syndrome une entité psychopathologique autonome distincte du triptyque classique Névrose.Psychose,Perversion. Nous proposons d'éclairer la pratique et les théories actuelles du transsexualisme qui découlent directement de ces deux références de la seconde moitié du 20è^": siècle à partir de ce qui les précède historiquement. Nous ferons référence au travaux de Richard von KRAFFT-EBING dans Psychopathia sexualis (1890) ainsi qu'à ceux de Magnus HIRSCHFELD à Berlin qui définit pour la première fois en 1923 le seelischetranssexualismus. Les premières opérations auront lieu à Berlin en 1920.  Nous articulerons cet enseignement historique avec le transsexualisme d'aujourd'hui à partir de l'observation paradigmatique du médecin hongrois, l'homme se sentant femme, parue dans Psychopathia Sexualis qui a donné lieu à un travail du Professeur LANTERI-LAURA auquel nous ferons référence. Nous alimenterons également la réflexion à partir de l'auto-biographie du peintre danois Einar WEGENER, Man into woman, traité par HIRSCHFELD et opéré en 1930. 

(français/french)

Jean-Gérald  VEYRAT (Fra  ) Two pioneers of sexology : Je pourrais, après avoir rapidement évoqué KRAFT-EBING (1840-1902), et  Havelock ELLIS (1859-1939), dont la vie et les oeuvres sont plus connus, parler essentiellement de deux médecins moins connus, mais sur la vie desquels des films ont été réalisés  : 1°)  Le Dr KELLOG (l'inventeur des célèbres "corn flakes", ainsi que des "spas") qui, dès le début du siècle, dans son "Battle creek sanitarium", prônait l'abstention sexuelle totale, concomitamment  à une culture physique "Hébertiste", et à des soins digestifs pour avoir un intestin "vide et propre", belle devise obsessionnelle. 2°)  Le Dr Magnus HIRSCHFELD (1868-1935), qui créa Le premier "Institut de sexologie" à Berlin, en 1919, mourut en France, où il avait été exilé par les Nazis, après qu'ils aient détruit son Institut et brulé ses livres, en tant que Juif, homosexuel, et prônant une sexualité libérée. Je pourrais présenter des diapositives montrant certaines de ses lettres,  son buste, ainsi que des extraits du film d'Alan PARKER "Road to Wellville", dans lequel Anthony Hopkins interprétait brillamment le rôle du bon Dr Kellog. 

(français/french)

Salle: 
Symposium "Thérapeutiques Psychiatriques" Psychiatric treatements Président Chair: François PETITJEAN (Fra  )

Maria Teresa BRANCACCIO (Ital  ) :Psychopharmacology for children. My paper deals with the history of the psychopharmacological treatments for child psychiatric disorders in the 1940s to 2000. With the exception of the history of the use of psychostimulants (mainly Ritalin) for the treatment of child hyperactivity, the history of drug trials and psychopharmacological treatment of child disorders has not been the object of systematic study. The paper investigates the history of the trials with and the use of tranquillizers, amphetamines, antidepressants and antipsychotics, to treat a variety of child disorders. More in general, the paper intends to broaden the historical understanding of the role played by psychopharmacology on child psychiatrists´ conceptualization of child disorders and on the transformation of therapeutic culture.

(anglais/english) 

Benoît MASSIN (Fra  ) : Prozac : comment se construit et se déconstruit la réputation d’un médicament ? On assiste à un phénomène nouveau qui a débuté dans les années 1950 et 1960 avec le Valium et devient depuis les années 1990 un phénomène de société majeur : l’explosion de la consommation des psychotropes et la banalisation de leur utilisation au point où l’on parle aux Etats-Unis de « psychopharmacologie cosmétique » (de la même manière que l’on parle de chirurgie esthétique). Il ne s’agit plus seulement de guérir des pathologies mentales mais de fournir une aide pour permettre à des personnes relativement « normales » d’être encore plus performantes sur le plan social et d’aller « mieux que bien ».
Cette étude part du fait qu’il semblerait exister un décalage important entre la prescription médicale d’un médicament ainsi que son succès commercial et médiatique, d’une part, et ses promesses thérapeutiques telles qu’elles peuvent être évaluées par les essais cliniques en double aveugle, d’autre part. Ainsi, le Prozac, un antidépresseur surnommé la « pilule du bonheur » dans la grande presse et devenu le deuxième médicament le plus vendu au monde en 1994, ne semblait pas promis à un tel succès si l’on regarde les études cliniques qui ont permis son autorisation de mise sur le marché par la Food and Drug Administration (FDA). Sur les 14 études incluses dans le dossier d’approbation, plus des deux tiers ne révélaient pas une supériorité du Prozac par rapport à un placebo ou à d’autres antidépresseurs classiques. Si ce n’est par les essais cliniques, alors comment expliquer un tel succès pour le Prozac ? L’objectif de cette étude est de faire ressortir qu’une dimension particulièrement importante du succès d’un médicament contemporain, autant auprès des prescripteurs, des consommateurs, que des agences gouvernementales ou des medias, dépend de sa réputation. On pourrait penser que dans les années 1990 cette réputation découle principalement ou essentiellement des études scientifiques et cliniques à l’origine de l’autorisation de mise sur le marché. Or il semblerait que cette réputation dépende d’une multiplicité de facteurs, dont certains ont peu à voir avec la science au sens puriste du terme, comme la communication promotionnelle ou des décisions de justice. La construction des études cliniques elles-mêmes, avec notamment la procédure « placebo washout » destinée à éliminer une grande partie de l’effet placebo, mérite qu’on s’y arrête. Dans cette étude, je voudrais souligner que la réputation d’un médicament ne dépend pas seulement de résultats scientifiques qui seraient incontestés ou inversement de l’« air du temps » ou autres impondérables sociologiques, mais est quelque chose qui se construit activement et onéreusement de la part de l’industriel et de ses alliés. Inversement, la destruction de cette réputation avantageuse signifie la pire menace pour le succès du produit. Pour un médicament controversé, saper cette réputation positive et lui accoler une réputation fâcheuse sera donc l’arme favorite de ses adversaires. Des décisions de justice peuvent contribuer à modifier la réputation d’un médicament (et la valeur en bourse d’une compagnie pharmaceutique) de façon plus dramatique et rapide que la publication d’une étude scientifique dans la presse médicale. Mais du fait de ce contexte judiciaire, des publications scientifiques peuvent avoir une portée que leurs auteurs n’avaient pas prévue. Je m’intéresserai à ces controverses et batailles juridiques autour de la réputation du Prozac

(français/french)

Frédéric SCHEIDER (Fra  ) : Joseph Arthaud, aliéniste missionnaire. Le crétinisme entre science et idéologie, Joseph Arthaud et Mgr Billet contre Benedict Augustin Morel A Lyon en 1854, l’aliéniste Joseph Arthaud publie une observation de crétinisme : il a injecté de l’iode dans le goître kystique d’un jeune crétin et les aptitudes mentales du malades se sont ensuite améliorées grâce au traitement moral dont il bénéficie à l’asile de l’Antiquaille. L’iode est alors la thérapeutique à la pointe des chirurgiens et des médecins. Il est soupçonné par certains que sa carence dans l’eau alimentaire est un facteur corrélé au crétinisme endémique. L’archevêque de Savoie Mgr Billet lui aussi encourage la recherche dans ce sens. Au contraire, B.A Morel pense qu’on en « sait assez » sur le phénomène, que la question est sans intérêt scientifique, et qu’elle ne relève que de l’hygiène et de la morale : il estime que le crétinisme est le stigmate d’une dégénérescence dont le traitement implique le développement de la psychiatrie, passant par une moralisation religieuse préventive des masses, un enfermement des malades et leur traitement moral à l’asile. Malgré son caractère ascientifique, le succès des thèses de Morel et de la théorie de la dégénérescence est néanmoins massif, et durable. C’est ce débat inégal que nous entendons reprendre et commenter, à travers essentiellement la publication d’Arthaud, et la correspondance entre Morel et l’archevêque.

(français/french)

12h00 - 14h30 : Pause déjeuner (libre) Lunch

14h30 - 16h30 :

Salle :
Atelier  Workshop "Anthropologie et Psychiatrie" Anthropology & psychiatry Président Chair: Richard RECHTMAN (Fra  )

Michel DE BOUCAUD (Fra  ) : Les Courants psychopathologiques et psychiatriques et l’anthropologie spiritualiste au milieu du XX° siècle.  Le développement des courants psychopathologiques et psychiatriques au milieu du XX° Siècle a contribué aux connaissances de la structure de l'homme. Nous proposons d'aborder les relations entre les grandes oeuvres de la psychiatrie phénoménologique et de l'anthropologie spiritualiste. En même temps que Jung et de façon différente, les oeuvres de K. Jaspers,  L. Binswanger,  V. Prankl et H. Ey sont fondamentales au milieu du XX° siècle car elles ouvrent la  clinique sur les perspectives ontologiques. Elles apportent  une conception spiritualiste de l'homme où les dimensions structurelles somatiques, psychiques et noètiques sont articulées. En prenant en compte l'apport des grandes philosophies existentielles, elles apportent une conception de l'organisation structurale de l'Homme.

(français/french)

Emmanuel DELILLE (Fra  ) :  Un voyage d’observation d’Henri Ellenberger aux Etats-Unis sous le patronage de l’Evolution Psychiatrique et de l’Encyclopédie Médico-Chirurgicale (1952). L’intervention se propose de présenter et de restituer dans son contexte historique un texte méconnu d’Henri Ellenberger (1905-1993) sur les psychothérapies de la schizophrénie. Ce fascicule issu du Traité de Psychiatrie de l’EMC (1955) dirigé par Henri Ey (1900-1977) est le résultat d’un voyage d’observation effectué en 1952 aux Etats-Unis (Chestnut Lodge, Menninger Foundation, etc.). On mettra en avant le rôle de « passeur » incarné par H. Ellenberger entre la société de l’Evolution Psychiatrique et la psychiatrie nord-américaine. Les principaux auteurs qu’il expose sont K. Eissler, P. Federn, G. Schwing, F. Fromm-Reichmann, H. S. Sullivan, J. Rosen et M. Wexler.
Si, plus tard, H. Ellenberger devient un historien reconnu en Amérique du Nord (The Discovery of the Unconscious, 1970), il s’agit pour nous de replacer, au préalable, l’ambition scientifique qui fut la sienne dans le contexte d’une société savante, en tant que psychiatre issu de l’internat des asiles de la Seine. Lorsqu’il se prononce sur la relativité des théories des psychothérapeutes, H. Ellenberger semble bien davantage représentatif des membres de l’Evolution Psychiatrique qui se revendiquent de Janet comme de Freud, ou autant de l’analyse freudienne que de l’analyse existentielle de Binswanger, et il n’anticipe pas sur ses travaux ultérieurs de psychiatrie transculturelle. Cette communication entre dans le cadre des activités du réseau « Santé et société » (MSH Paris Nord).

(français/french)

Olivier DOUVILLE (Fra  ) : Sur une actualité de l'anthropologie clinique en psychiatrie et en psvchopathologie. Dans notre modernité, les phénomènes de ruptures culturelles prennent une importance considérable. Les ampleurs des migrations en sont l'exemple à la fois le plus illustré et le plus polémique dans le champ clinique. Mais le fait humain du « décalage » et du « passage » entre plusieurs systèmes de référence ne saurait se restreindre au simple fait migratoire. Les phénomènes d'errances et d'exclusions, d'exils intérieurs, mènent aussi à s'interroger au plan des réponses institutionnelles. Les questions cliniques concernent d'une part la dimension de l'offre clinique, mais aussi et encore renvoient-elles chaque clinicien psychanalyste à penser et éprouver comment il peut entendre de nouvelles modalités d'inscription des subjectivités dans l'espace et le temps. La dimension même d'une anthropologie du monde contemporain se réalise au plan d'une souffrance singulière, chez des sujets le plus souvent présentés comme des sujets « sans » (sans lieux, sans papiers, sans collectifs, errants, exilés ou exclus). Une interrogation sur le collectif n'en fait que davantage retour, non sans virulence. C'est dans ce contexte que des psychanalystes et des anthropologues pourraient reprendre les fils d'un dialogue fait de beaucoup de faux espoirs, de malentendus et riche d'incontestables provocations et échanges réciproques.

(français/french) 

Nicolas  HENCKES (Fra  ) : Psychothérapie institutionnelle en France en 1945.Cette intervention examinera les circonstances de l’élaboration de la psychothérapie institutionnelle dans les hôpitaux psychiatriques français à partir de 1945. Leur réorganisation dans l’après-guerre par la promotion d’un ensemble de pratiques variées, allant de l’ergothérapie aux clubs de malades ou aux journaux de pavillon, s’inscrit en effet dans le cadre d’une reconceptualisation par un segment de la profession du sens de l’hospitalisation psychiatrique. En tentant de remettre en perspective ce mouvement, l’intervention mettra en évidence ses implications politiques et intellectuelles.

(français/french)

François POMMIER (Fra  ) Psychanalyse, psychiatrie et santé des bien-portants.Si, jusqu’à une époque récente, en référence à une longue tradition psychopathologique, de Pinel à Henri Ey,  la psychiatrie française s’était distinguée de la clinique médicale dont elle était issue, ce que la logique psychanalytique freudienne avait radicalisé en promouvant la présence de symptômes pouvait être considéré comme un message adressé à quelqu’un, on assiste depuis une vingtaine d’années, à travers le culte de la santé et de la forme, à la promotion d’une médicalisation des conduites et des comportements. La « clinique de la subjectivité » constitue encore majoritairement l’idéal professionnel des psychiatres des centres hospitaliers de secteur mais elle œuvre de moins en moins au sein de la psychiatrie universitaire. Un clivage s’opère de façon manifeste entre logique du singulier et logique technico-scientifique de sorte que  l’écart se creuse entre psychanalyse et psychiatrie. Notre propos consistera à montrer comment a pu se produire cette dérive dans notre société contemporaine, comment le rapport entre psychanalyse et psychiatrie se trouve aujourd’hui menacé d’un côté par les techno-sciences qui visent à instrumentaliser le vivant, de l’autre les méthodes psycho-éducatives centrée sur la gestion du stress qui visent à massifier et à uniformiser les conduites.   L’extension du concept de santé aux bien-portants, qui renvoie à une logique de standardisation et de gestion des soins, centrera notre propos. Nous chercherons à montrer dans la mesure le culte du « droit à la santé » a pu faire perdre à la psychiatrie sa spécificité et son objet en même temps qu’elle a ravalé  la psychanalyse au rang de technique dont resterait toujours à de vérifier le bien-fondé de son principe.

(français/french)

Salle :
Atelier  Workshop "Echanges Franco-argentins" France-Argentina exchanges Organisé par l'Association franco-argentine de psychiatrie et de santé mentale
Président Chair: Dominique Wintrebert (Fra  )

Dr Eduardo T. Mahieu (Fra  ) : Diego Alcorta : Dissertation sur la manie... aiguë?   La thèse de Diego Alcorta sur la manie aiguë est la première en Argentine sur un sujet psychiatrique. Soutenue en 1827, une quinzaine d'années après la Révolution de Mai et de la naissance de la République Argentine, elle se situe juste au seuil de l'arrivée de Rosas et de la Restauration. Diego Alcorta, est étroitement lié à l'épanouissement des Idéologues en Argentine, et il devient en 1928 le titulaire de la chaire d'Idéologie de l'université de Buenos Aires. Rien d'étonnant qu'il fasse de Philippe Pinel la référence principale de sa thèse. Cependant, le sujet qu'il traite, la "manie aiguë" est tout sauf pinélien : le couple aigu/chronique ne fait pas partie de ses notions descriptives. Pinel, en bon hippocratique, maintient l'exclusion du délire aigu et ses avatars de la notion de manie.  La référence de Diego Alcorta à Pinel serait alors essentiellement philosophique, tandis que sur les aspects spécifiquement cliniques il semblerait se référer de manière très précoce à Esquirol (qui n'est pas cité dans la thèse), auteur qui commence discrètement à introduire la notion d'aigu en tant qu'opposé au chronique, opposition qui ne sera pleinement admise en psychiatrie que dans la seconde moitié du 19ème siècle.

(français/french)

Pr. Juan Carlos Stagnaro (Arg  ) : «La réception des idées de la clinique psychiatrique française à Buenos Aires dans la seconde moitié du XIXème siècle »   La psychiatrie, en tant que spécialité médicale pleinement reconnue, trouva son origine à Buenos Aires dans la seconde moitié du XIXème siècle. La consolidation du nouveau groupe de spécialistes s’est produite dans le cadre d'une croissance démographique accélérée - conséquence de l'immigration- le processus politique d'organisation de l'Etat national et un important développement économique. Même si les aliénistes porteños étaient au courant de la production théorique et des pratiques de toutes les écoles européennes, celle qui, sans doute, exerça la plus grande influence, comme par ailleurs sur l'ensemble de notre médecine a l'époque, c'est l'école française. Dans ce travail seront signalés les auteurs français qui inspirèrent le plus les fondateurs de la spécialité en Argentine ainsi que certaines caractéristiques de la réception des idées dans le milieu local. 

(français/french) 

Dr. Norberto Conti (Arg  ) : “La Psychologie Sociale de Carlos Octavio Bunge et la portée de sa théorie de la subconscience-subvolonté”. En 1903, Carlos Octavio Bunge publie à Paris dans l'éditoriale Alcan son livre Elementos de psicología individual y social; son intérêt particulier réside dans l'étude de la pensée scientifique en Argentine. En premier lieu, il s'agit d'un livre d'un intellectuel argentin dont la première édition se fait en français sur la base de trois articles publiés dans des revues argentines pendant l'année 1894. En second lieu, c'est la première fois qu'est publié un livre où paraît pour la première fois la dénomination psychologie sociale. En troisième lieu, Bunge présente là sa théorie de la subcosncience-subvolonté avec laquelle il produit une critique originale du positivisme spencérien, dominant dans la pensée scientifique-naturaliste des fins du 19ème siècle. Finalment, on peut reconnaître un parallélisme conceptuel entre ce concept et celui d'incosncient de Freud, qui n'a pas pu influencer Bunge qui élabore la notion subcosncience-subvolonté au débuts de la décade de 1890.

(espagnol/spanish)

Dr. Emilio Vaschetto (Arg  ) : "Quelques considérations historiques et épistémologiques autour des symptômes dans l'interphase psychiatrie-psychanalyse". Ce travail vise à noter les modes de classifications des symptômes en psychiatrie à certains moments historiques en général, et dans leur incidence en Argentine en particulier. Le mode de lecture du corpus psychiatrique des différentes écoles et courants en psychiatrie, avec le biais particulier que la psychanalyse a produit en Argentine n'est pas un sujet simple à aborder. La formation de nos collègues prédéceseurs, que ce soit en France comme en Angleterre, ainsi qu'une politique de traduction et citation particulière, ont eu une incidence dans le sujet. Des noms comme R. Carrillo, formé en France, Allemagne et Pays Bas (qui a institué une politique de santé basée dans une nosographie d'application sanitariste); R. Ciafardo, formé dans la clinique du détail (dans l'esprit de l'école française); Jorge Thenon, initié en France et ultérieurement dédié à la réflexologie, pour ne citer que quelques exemples, font penser à une réception hétéroclite de la discipline. Les débats culturels, le conjonctures politico-économiques et les différentes éthiques mises en jeu dans la pratique clinique ont introduit dans l'histoire de notre pays des mutations discursives, où l'entrecroisement de paradigmes est la règle.

(espagnol/spanish)

Salle :
Atelier  Workshop : "Délire(s) et représentation(s)" Delusion(s) & representation(s) Président Chair: Peter BERNER (Aut  )

Sophie DE MIJOLLA (Fra  ) : Extase et délire.  Au sens étymologique du terme, l’extase est bien un « délire », en ce qu’elle écarte du sillon de la quotidienneté, désille les yeux embrumés, en un mot révèle. Mais les théologiens pour leur part distinguent extases mystiques « vraies » et extases pathologiques et les grands mystiques mettaient eux-mêmes en garde contre les secondes. Cette expérience est complexe en ce qu’elle est faite de contraires : à la fois la joie de l’illumination, le ravissement, la dissipation des mystères puis, et à la mesure de l’intensité du premier mouvement,  la retombée dans la « nuit obscure » comme dit saint Jean de La Croix et la souffrance d’un esprit qui se retrouve seul et ne sent plus rien, même pas le travail souterrain qui s’effectue en lui. A partir de l’exemple du cas de Madeleine analysé par Pierre Janet (1926) et des Mémoires d’un névropathe (1903) du Président Schreber, je distinguerai les deux termes d’extase et de délire en considérant l’extase comme un état somatique et affectif spécifique ne nécessitant aucune élaboration représentative et le délire, à l’inverse, comme ce qui peut, le cas échéant, venir donner sens à ce vécu primaire. 

(français/french)

Martine GROS (Fra  ) : Historique de la schizophrénie. L’historique de la schizophrénie doit à la fois retracer l’évolution de ce que la psychiatrie moderne entend par ce terme et préciser l’impact actuel d’une pareille élucidation. Ce néologisme apparut en 1911 sous le plume de BLEULER en remplacement de la locution de démence précoce, lui-même délaissé de nos jours pour le substantif de psychose, de l’épithète qui en dérive. Après avoir délimité l’aire sémantique de ce signifiant, nous essaierons d’en tirer au clair les traits pertinents et de repérer l’organisation interne du champ sémantique ainsi concerné. Nous aborderons pour terminer les apports de la psychanalyse, de la phénoménologie avec l’étude fondamentale de E. MINKOWSKI, de l’organodynamisme de H. EY, en sachant que chacune de ces références tend à privilégier l’une des faces de la schizophrénie. La connaissance de l’enrichissement effectif de notre sémiotique nous aide à nous recentrer sur un noyau clinique et à relativiser les fondements et la portée du travail thérapeutique.

(français/french) 

Rafael HUERTAS (Esp  ) : Images d´un délire : un cas du docteur Lafora.Fréquemment, dans les archives cliniques des établissements ou des cabinets psychiatriques, auprès du dossier clinique à proprement dit, on peut trouver d´autres documents d´une exceptionnelle importance qui permettent d´élargir l´horizon herméneutique, et qui, dépassant très souvent la médecine clinique, exigent une analyse pluridisciplinaire. L´objet de cette communication est de montrer un exemple d´approche pluridisciplinaire, entre l´histoire de la psychiatrie et l´anthropologie, en se basant sur l´étude d´un cas : un dossier clinique, conservé dans les archives du cabinet de consultations privées du psychiatre espagnol Gonzalo Rodríguez Lafora qui, en sus de l´historique de la pathologie, contient une série de photographies et de textes d´un grand intérêt clinique et anthropologique. Une attention particulière sera portée à l´analyse des images photographiques du patient qui peuvent se lire comme l´expression d´un « langage psychotique » imprégné d´éléments culturels et symboliques.

(français/french)

Jean-Pierre LUAUTE (Fra  ) : Christopher Columbus the man who mistook manatees for sirens. (français/french) Recent cognitive neuropsychological approaches to the Delusional Misidentification Syndromes have provided large amounts of evidence in favour of specific dysfunctions on current models of face recognition. However the question remains wether these dysfunctions are aetiological or consequence, particularly during hyperidentifications states where these states can reveal the affective needs and expectations of the patients. This has been already suggested during manic states (Luauté 2000), along with the preferential use of a quick and automatic route of décision making on the Thibiergen’s model (1987) of face récognition. The role of affective influences seems also at work in normal people under special circumstances.  This could have been the case when Christopher Columbus mistook manatees for sirens. The cultural background which could explain it will be described and evidence will be given against any morphological resemblance between manatees and women, as it was later assumed. It will therefore be suggested that the role of affective “top down” influences should be included in any complete model of face (people) recognition.

(français/french)

Salle :
Atelier  Workshop : "Expression artistique et Psychiatrie" Artistic expression & psychiatry Président Chair: Vincent BARRAS (CH  )

Michel CAIRE (Fra  ) : Les Aquarelles de Sainte Anne. La bibliothèque Henri Ey du Centre Hospitalier Sainte-Anne (Paris) présente dans sa salle de lecture dix peintures figurant de curieux moyens de contrainte et quelques méthodes de traitement baroques : bains de surprise, machines rotatoires, roue creuse, chaînes et fers, casaque, lit et horloge de force, boite en osier L’auteur en propose la présentation, assortie de commentaires sur la réalité de leur usage, les dates et quelques établissements européens où ils ont été employés. Les photographies de ces aquarelles sont visibles sur le site personnel de l’auteur : http://psychiatrie.histoire.free.fr/index.htm

(français/french)

Pierre CHENIVESSE (Fra  ) : Grand Guignol et aliénisme.  A Paris, Impasse Chaptal de 1897 à 1962, le théâtre du Grand Guignol présente deux visages. Le spectacle y est conçu à l'image de la "douche écossaise" : on y meurt de rire et on y meurt de peur. Détendre le spectateur pour mieux le tendre. Les vaudevilles et les drames en un acte se succèdent. Cependant, le "clou" de la soirée c'est le macabre et l'effroi sans espoir. Dans ce théâtre de sang et d'épouvante, la folie y apparaît comme le thème par excellence. Faire peur en montrant les fous, essayer de comprendre ce qui sépare l'aliéné de l'homme sain : la poétique de la chair et du sang y expose souvent une nuance de séparation, le proche, le familier, devenant monstre.  Au Grand Guignol, il fallait faire de l'effet. Il fallait administrer un comprimé de terreur, de perversité, d'érotisme opaque,  pour tout dire un comprimé de folie. Là où abondent les fous, rien de tels que les aliénistes, rien de tels que les professeurs. Le Grand Guignol fit appel à de grands noms qui apportèrent une caution scientifique et suscitèrent la curiosité : Gilbert Ballet, Alfred Binet, Georges Gilles de la Tourette, Joseph Babinski entre autres firent alors de ce théâtre un lieu de causeries médicales, de conférences dialogues et un sujet de préfaces voire de pièces "grand-guignolesques".

(français/french)

François GRANIER (Fra  ) : L'Evolution de la notion de médiation

Genshiro HIRUTA (Jap  ) : Catfish Pictures and PTSD.  A great tremor suddenly jolted Edo city (now Tokyo) around 10 pm on October 2nd, 1855. It was an epicentral earthquake with an intensity of magnitude 6.9. Because all houses and buildings were made of wood at that time, they collapsed and caught fire. People run about in confusion in the blazing inferno. At least one thousand people were crushed to death or perished in flames. Survivors had to pass uneasy nights and days due to frequent aftershocks which lasted until October 20. In the midst of confusion, a special series of ukiyo-e or woodblock printing named namazu-e (a catfish picture) spread in the city. People in the Edo period (1600-1868) believed that a big catfish underground caused earthquakes. There are some books and articles on namazu-e from the viewpoint of art history and folklore. Researchers claim that they could classify namazu-e into three to four categories. We psychiatrists know that individuals recover from their psychic trauma following several steps. I have a hypothesis that namazu-e helped people to recover from their psychic trauma and prevented PTSD. In my presentation, I will show how the categories of namazu-e closely correlate with the steps of psychic recovery from the disaster and how the namazu-e worked in the healing process. 

(anglais/english)

Angelos CARACALOS, Dimitris PLOUMPIDIS (Gre  ) : Processus psychopathologique et écriture. L’écrivain grec M. Mitsakis et ses poèmes en français.  L’écrivain grec M. Mitsakis (1865-1916) fut une grande promesse pour les lettres grecques, remarqué pour son écriture dense et incisive. Un premier internement, en 1896, a interrompu sa carrière littéraire. Des formes d’écriture plus « privées » sont apparues, ses « Pourquoi » et surtout ses poèmes en français, écrits dans des conditions très particulières. Un échantillon de ses écrits permettra la discussion sur l’effet du processus psychopathologique sur son écriture. 

(français/french)