Matinée d’étude « La mère, l’enfant, la femme ».

L’Association Franco Argentine de Psychiatrie et Santé Mentale (AFAPSM)
et 
La Consultation d’Information de Conseils et d’Orientation (CICO) 
ont le plaisir de vous inviter à la:

Matinée d’Etude

« La mère, l’enfant, la femme »

Sous la présidence de Marie-Noëlle Vacheron
Sous ce titre, nous souhaitons provoquer un dialogue clinique en forme de chiasme. 
D’un côté, et à l’occasion de la parution de « L’enfant et la féminité de sa mère », nous avons convoqué les auteurs de cet ouvrage, Élisabeth Lecrec-Razavet, Georges Haberberg et Dominique Wintrebert, pour témoigner de leur travail autour de la clinique de l’enfant et du parcours de la mère à la femme. Ils nous feront part des achoppements et des trouvailles de ces enfants dans la rencontre avec la féminité maternelle.
D’un autre côté, l’équipe de la C.I.C.O. de Sainte-Anne, la Consultation d’Information,Conseils et Orientation des femmes suivies pour troubles psychiques, enceintes ou présentant un désir d’enfant, proposera également un éclairage clinique. Il s’agit pour ces patientes du cheminement de la femme à la mère, avec l’enfant à l’horizon de cette traversée.
La matinée sera rythmée par les questions de divers intervenants et des discussions avec la salle. Deux cliniques en tension, croisées, dont la rencontre augure une réflexion féconde. 

Samedi 21 mai 2016 de 9h15 à 12h45

C. H. Sainte-Anne, Amphithéâtre Morel. 1, rue Cabanis, 75014.

L’entrée est gratuite, mais dans le cadre du plan Vigipirate, une inscription préalable est nécessaire. Merci d’adresser vos demandes d’inscription à:
assosfrancoargentine@gmail.com

Intervention de Susana Elkin pour l’AFAPSM au colloque « Psychiatrie et Santé Mentale en Amérique Latine »

ERIE Affiche

Le 11 février 2016

Présentation de l’Association franco-argentine de psychiatrie et santé mentale AFAPSM par Susana Elkin (présidente de l’ 2014-2015) lors du Colloque organisé par ERIE : Psychiatrie et santé mentale en Amérique Latine au Groupe hospitalier Paul Guiraud. Villejuif. France.

Depuis sa création, au début des années 2000, l’association franco-argentine de psychiatrie et de santé mentale, l’AFAPSM, maintient une activité qui n’a jamais flanché.

L’association a organisé en 16 années d’existence plus de dix colloques internationaux.

Les thèmes des colloques sont choisis en mettant en tension la réalité de la psychiatrie en Argentine et en France. Ainsi les sujets abordés intéressent l’actualité de nos deux pays et nous invitons des intervenants de deux côtés de l’océan. Pour ne citer que les colloques les plus récents, ceux des deux dernières années ont été consacrés au débat autour de la procréation médicalement assisté, les questions de genre et les nouvelles familles. Les nouvelles pratiques et questions cliniques qu’elles impliquent, mais aussi le retentissement social et juridique qu’elles provoquent dans nos deux pays ont tissé le fil rouge de nos débats. Pour cela nous avons fait appel à des acteurs de la société civile comme des juristes, avocats, sociologues ou philosophes en plus de nos collègues psychologues et psychiatres.

 Parallèlement à la genèse de ces colloques, l’association a organisé plusieurs soirées, notamment autour de figures de la psychanalyse en argentine. Quelques unes de ces soirées ont permis la publication d’une collection dirigée par le Dr. Martin Reca, aux éditions L’Harmattan. Elle est actuellement composée par deux livres : l’un consacré à Enrique Pichon Rivière, le second dédié à Heinrich Racker, nous sommes en train de préparer la publication d’un troisième qui sortira dans l’année sur Marie Langer.

 Nous avons des liens privilégiés avec certaines publications françaises, telles que L’Information psychiatrique, à travers le Dr. Thierry Trémine. En Argentine nous gardons une grande proximité avec la publication de la revue Vertex, principale revue de psychiatrie en Argentine, dirigé par Juan Carlos Stagnaro en coopération avec Dominique Wintrebert, co-fondateurs de l’association.

 Nous avons collaboré avec d’autres associations scientifiques, comme le Cercle Henry Ey. Notre dernier colloque en septembre 2015 a été co-organisé avec l’ASPIC, association scientifique de psychiatrie et d’interrogation clinique du Centre hospitalier « Les murets » de la Queue en Brie. Nous sommes proches également de « Psychanalyse et transferts culturels » dont la directrice est Diana Kamienny, co-fondatrice de l’AFAPSM. Des liens avec l’université de Paris VII sont en train de s’établir par l’intermédiaire de Lucia Bley, vice-présidente actuelle.

 Les liens directs nous unissent avec des institutions scientifiques argentines, comme APSA, Asociacion de psiquiatras argentinos, avec laquelle notre association participe aux congrès qui se déroulent en Argentine. Au dernier congrès organisé par l’Association Mondiale de Psychiatrie, notre association a été représentée par Perla Dreschler, ancienne présidente de notre association.

 L’AFAPSM a aussi collaboré dans des traductions, par exemple a travers Eduardo Mahieu, lui aussi ancien président, qui a co-traduit le  Traité des hallucinations d’Henri Ey. Nous nous sommes engagés également à participer à la traduction de la Classification Française des troubles mentaux de l’adulte parue récemment (CFTMA) comme vient de le dire le dr. Jean Garrabé, qui est un ami fidèle de l’AFAPSM.

Une partie non négligeable de notre activité consiste à mettre en lien des psychologues et des psychiatres qui veulent se rendre dans l’autre pays.

A travers notre site, des psychologues ou psychiatres français nous contactent pour faire des stages. Les argentins sont ravis de recevoir les français et nous travaillons étroitement avec plusieurs hôpitaux de la capitale, destination la plus prisée par les jeunes français. En ce moment, deux psychologues françaises font des stages de six mois et un an à Buenos Aires. Deux psychiatres français sont en train de préparer leurs voyages. Les français sont surtout intéressés de voir l’incidence de la psychanalyse dans les institutions de soin argentines, et sont très intéressés à l’idée de découvrir des pratiques cliniques originales. Par ailleurs, il serait intéressant que les stages faits en argentine soient validés dans les formations françaises. En général le contact avec les hôpitaux argentins se fait de façon informelle, par des contacts personnels, notamment ceux de Maria Romé et Cecile Stola. Notons qu’il y a quelques années, une convention de partenariat a été signée entre l’ Etablissement public de Santé Erasme et l’hôpital Montes de Oca en Argentine grâce à l’intervention de notre association.

 Dans le sens sud/nord (Argentine/France) la situation est plus simple. L’internat de psychiatrie et de psychologie argentin, propose aux internes de faire un stage selon leur choix. Certains choisissent l’étranger. L’interne (psychologue ou psychiatre) argentin continue à être payé par les instances argentines, pendant son stage à Paris. Chaque membre de notre association s’efforce de recevoir ces jeunes professionnels dans le service où il exerce ; ainsi le Dr. Wintrebert, à l’hôpital des Murets reçoit depuis plusieurs années des argentins .

En 2015, par exemple, le service du Dr. De Pecoulas à Sainte Anne, où je travaille, a reçu une quinzaine de stagiaires psychologues et psychiatres. Ils sont très curieux de voire notre façon de travailler, surtout au niveau institutionnel et des dispositifs extrahospitaliers proposés aux patients.

Cela intéresse grandement les internes argentins qui souvent auront des postes dans les hôpitaux argentins, amenant avec eux leur expérience française. En Argentine une « nouvelle «  loi sur la santé publique a été promulguée en 2011 qui invite les professionnels à créer de nouveaux dispositifs de suite et des structures extra hospitalières. Les professionnels argentins gardent un bon souvenir de leur formation à Paris et nombreux sont ceux qui se disent prêts à rester en contact avec nous. Leur proposer, nous proposer un lieu de travail commun ne peut que nous réjouir. Récemment j’ai formé un groupe Facebook fermé avec des anciens qui sont passés par le service depuis 5 ans, avec des psychologues et des psychiatres très actifs.

 Comme vous le voyez, notre association est très dynamique. Pourquoi ? Est-ce que cela tient à la diversité qui nous constitue ? Les membres du bureau sont, dans une grande majorité des psychanalystes, comme le veut la tradition argentine ! Mais, notre bureau est formé par des psychiatres et psychanalystes d’écoles différentes, ce qui n’est pas du tout la tradition. Dans ce bureau il y a aussi un mélange de psychiatres et de psychologues, ce qui n’est pas non plus une tradition dans une société de psychiatrie. Est-ce que notre dynamisme est le produit de ces particularités ? Surtout, nous avons introduit une permutation qui fait que, depuis sa création, notre association change de président tous les deux ans. C’est ainsi que, depuis sa création en décembre 1999, nos membres ont porté à la tête de l’association huit présidents différents, et jamais deux fois le même.

 En tout les cas, comme vous pouvez le constater, l’organisation des colloques, des soirées, les projets d’édition, les contacts constants avec d’autres associations scientifiques ou culturelles, les stages, les travaux de traduction, sont le produit du travail constant de notre bureau. Il se réunit une fois par mois, et se renouvelle tous les deux ans. Je viens de finir mon mandat, et celui qui commence est présidé par le Dr. Federico Ossola qui travaille au pôle Clamart.

 Il ne me reste qu’à souhaiter, et je me fais la porte-parole du bureau de l’association, que de nouveaux liens puissent se créer avec toutes les associations franco latino-américaines de psychiatrie et santé mentale, à travailler dans un futur, pour échanger dans une collaboration étroite porteuse de fruits et de créativité au service de ce qui nous unit : les pratiques institutionnelles en psychiatrie et le travail clinique avec nos patients, ici ou là bas.

 Susana Elkin

Intervention de Jean Garrabé au colloque « Psychiatrie et Santé Mentale en Amérique Latine »

ERIE Affiche

11 février 2016

Les échanges dans le domaine de la psychiatrie entre la France et l’Amérique latine entre 1950 et 2000.

Jean Garrabé

Président d’honneur de L’Evolution psychiatrique.

Professeur à l’Université de Guadalajara (Jalisco)

Membre à titre individuel de l’Association Mondiale de Psychiatrie (Yokohama 2002)

7 Place Pinel 75013 Paris

jean.garrabe@wanadoo.fr.

 

Dès la fin de la Seconde guerre mondiale les sociétés françaises de psychiatrie alors existantes, comme la Société médico-psychologiques et L’Evolution psychiatrique, envisagèrent , pour renouer les échanges dans le domaine de la psychiatrie que ce conflit avait interrompus pendant plusieurs années, d’organiser à Paris un grand congrès international en invitant à y participer les sociétés nationales connues à travers le monde, notamment celles d’Amérique latine ; seules cinq de ces dernières, celles de Bolivie, Costa Rica, Guatemala, Honduras, Nicaragua, Paraguay et Salvador, ne répondirent pas à l’invitation du comité d’organisation d’assister à une réunion préparatoire où furent représentées 25 sociétés du monde entier. L’absence de réponse était souvent due à des raisons politiques, par exemple de la part des sociétés des pays d’au-delà du rideau de fer. Il était prévu que le congrès soit présidé par Pierre Janet mais celui-ci étant mort en 1947, pendant la préparation, il fut remplacé à la présidence par Jean Delay, Henri Ey étant secrétaire général ; assistèrent à la dernière réunion préparatoire du 18 juin 1950 outre Delay et Ey, Paul Guiraud, Georges Heuyer et Pierre Pichot, figures marquantes de la psychiatrie française de l’époque.

Pierre Janet, élève de Charcot, était extrêmement connu en Amérique latine où il avait fait dans l’entre-deux-guerres, alors qu’il était professeur au Collège de France, des tournées de conférences qui eurent un très grand succès, notamment au Mexique où plusieurs de ses livres comme De l’angoisse à l’extase ont été traduits en espagnol et publiés (1). C’est après une de ces conférences que le gouvernement mexicain décida d’inclure l’enseignement de la psychopathologie à l’Université de Mexico. Miguel Guevara Oropesa (1899-1980) qui a le premier parlé de l’œuvre de Janet dans sa thèse de médecine Psicoanalisis soutenue en 1923 devant cette université , ne manquait pas de venir le saluer à son appartement de la rue de Varennes où le maître, qui avait souffert des dures conditions de vie à Paris pendant l’Occupation, est mort. Lorsque j’ai participé, beaucoup plus tard, à des colloques à Mexico nos collègues ne manquaient jamais de souligner que nous nous réunissions dans la salle même où avait naguère parlé Janet dans l’ancien palais de l’Inquisition où était alors installée l’Ecole de médecine et qui abrite maintenant, outre sa fabuleuse bibliothèque historique,   un intéressant musée avec des salles consacrées à la médecine pré -colombienne.

Ce congrès international de Paris de 1950 connut un succès considérable au point de faire changer , pendant son déroulement, son appellation d’ « international » en « mondial » et d’envisager la fondation d’une association pour l’organisation de congrès mondiaux de psychiatrie, la future Association mondiale, dont Delay sera le premier président et Ey le premier secrétaire général, fonction qu’il assumera pendant seize ans. L’Association mondiale qui regroupe les différentes associations nationales de chaque pays va dès lors organiser régulièrement des congrès dont certains vont être particulièrement importants pour le sujet dont je vous parle.

L’organisation et la tenue de ce premier congrès à Paris a été très encouragée par le péruvien Julio-Oscar Trelles (1904- 2004) qui avait passé, à titre étranger, le concours d’interne des asiles d’aliénés de la Seine en 1929 et soutenu dans cette ville sa thèse sur le Corps calleux , puis était reparti dans son pays où il a poursuivi une brillante double carrière à la fois médicale et politique et enfin était revenu à Paris comme ambassadeur du Pérou en France et   auprès de l’UNESCO , organisation internationale fondée en 1948  dont le siège est installé dans un bâtiment édifié place Fontenoy , où nous avons participé à des réunions internationales concernant la psychiatrie. Les neuropsychiatres français de ma génération ont appris l’anatomie et la physiologie du système nerveux central dans le Manuel de Masquin et Trelles, révisé par Julian de Ajuriaguerra, lui-même nommé à titre étranger interne des asiles de la Seine en 1933. Les jeunes confrères péruviens que j’ai rencontrés à Cuzco en 2010 quand leur congrès s’est tenu pour la première fois dans cette vile non à Lima d’apprendre que les neuropsychiatres français étudiaient dans un ouvrage écrit en français par leur illustre compatriote. Mais je n’ai pas retrouvé le nom d’Oscar Trelles parmi ceux de participants latino-américains au congrès de Paris contrairement à celui d’ Honorio Delgado (1892-1969) qui y défendu l’usage du terme anglais d« délusion » de préférence à celui d’hallucination utilisé dans les langues latines pour désigner les phénomènes décrits par Esquirol. Signalons que Paul Guiraud fut en 1950 l’auteur du rapport sur la « Pathogénie-Etiologie des délires » lors de la séance de Psychopathologie générale (3), texte où il présente entre les diverses conceptions en vigueur au milieu du XXe siècle celle d’Henri Ey.

Soulignons que les congressistes venus des différents états latino-américains à Paris prirent la décision de fonder une Asociacion Psiquiatrica de America Latina ou APAL regroupant ces pays. J’ai eu personnellement la chance de participer à plusieurs de ses congrès, la dernière fois à Caracas et j’ai vu que son XXVIIIe Congrès s’est tenu en 2015 à Cartagena de Indias ville où, à mon grand regret, je ne me suis jamais rendu

En 1950 a été publié, avec un prologue du professeur Lopez Ibor , le texte en espagnol des conférences Estudios sobre los delirios que le Consejo Superior de Investigaciones Cientificas , l’équivalent du CNRS, avait invité Ey à faire à Madrid au printemps 1949 donc pendant la préparation du congrès international (2). Le congrès de 1950 a aussi permis à plusieurs neuropsychiatres espagnols républicains qui après s’être réfugiés dans un premier temps à Paris se sont ensuite exilés en Amérique latine, notamment au Mexique, pays où ils furent chaleureusement accueillis par les autorités qui facilitèrent leur installation, de retrouver à Paris des collègues restés eux en Espagne sous le franquisme et qui avaient peut-être assisté à ces conférences de Ey à Madrid.

L’élection à la fin de chaque congrès mondial par les associations nationales représentées d’un comité exécutif composé d’un président, d’un vice-président, d’un secrétaire général d’un trésorier et d’un secrétaire aux associations va donner lieu à de véritables campagnes électorales, surtout si à la fin de l’un mandat un membre est candidat à un autre poste. En sus des assemblées générales ordinaires qui choisissent aussi la ville hôte des congrès mondiaux suivants des assemblées extraordinaires peuvent être convoquées pour régler une question.

Le Deuxième Congrès Mondial : Zurich.1958.

Le plus connu des républicains espagnols exilés au Mexique Dionisio Nieto Gomez (1908-1985) n’est revenu en Europe qu’à l’occasion du IIe Congrès Mondial organisé à Zurich par Manfred Bleuler (1903-1994) avec pour thème la schizophrénie où il présenta une communication sur les atteintes neurologique dans les tableaux « schizophréniformes », qui curieusement n’est pas mentionnée dans les notices biographiques qui lui ont été consacrées. Il était resté en contact avec ses amis français a été très rapidement informé des effets antipsychotiques de la chlorpromazine décrits en 1952 et par l’école de Delay et la première utilisation de cette molécule sur le continent américain s’est faite à l’hôpital de La Castañeda où Nieto travaillait bien avant qu’elle ne le soit au   Canada ou aux USA où l’on est resté longtemps fidèle à la réserpine  encore défendue par les nord-américains au grand Congrès international sur les neuroleptiques de Sainte-Anne en 1955; notons que les publications de psychopharmacologie de Nieto qui a aussi étudié les champignons hallucinogènes comme Delay et ses élèves , sont souvent écrites en français.

Mais ce deuxième congrès mondial, pas plus que le troisième, n’est pas spécialement marquant pour ce qui est des échanges entre la France et les pays d’Amérique latine, même si Ey, secrétaire général a fait dans ces années là des tournées de conférences dans certains d’entre eux, notamment au Mexique où il a été invité à Guadalajara par le GLADET ainsi qu’au Pérou.

Le VIe Congrès : Madrid 1966.

Par contre le VIe Congrès organisé à Madrid en 1966 par Juan-José Lopez Ibor va jouer lui un grand rôle dans ce point de vue car de nombreux psychiatres latino-américains qui s’étaient formés dans cette ville vont y revenir à cette occasion. Personnellement c’est le premier congrès mondial auquel j’ai participé et j’y ai ainsi fait la connaissance de nombre d’entre eux que je devais ensuite retrouver en d’autres occasions au cours des décennies suivantes.

Ey abandonna à la fin du Congrès les fonctions de secrétaire général où il fut remplacé par un anglais Denis Leigh et surtout il fit à propos de « The problem of sleep and dreams in relation to Psychopathology » une conférence sur « La dissolution de la conscience dans le sommeil et le rêve et ses rapports avec la psychopathologie (Esquisse d’une théorie de la relativité généralisée de la désorganisation de l’être conscient et de diverses maladies mentales» (3) résumant sa conception organo-dynamique inspirée de l’hypothèse, déjà formulée au XIXe siècle par le neurologue anglais Hughlings Jackson (1935-1911),de la dissolution de la conscience comme facteur de folie, texte qui constitue son testament scientifique.

Il y a eu déjà en 1966 à Madrid de nombreuses communications sur la psychopharmacologie présentées tant par des français que par des latino-américains, domaine qui va se développer considérablement sous l’influence de l’industrie pharmaceutique international  dans les congrès suivants. Ce congrès a été aussi marqué par la venue surprenante à Madrid d’une délégation de l’Association Soviétique des psychiatres et narcologistes, la première venue officiellement d’URSS en Espagne sous le régime franquiste ; les relations de cette association soviétiques avec la Mondiale vont être singulièrement compliquées mais ce n’est pas mon propos d’aujourd’hui même si j’ai été plus tard impliquée dans cette histoire par les fonctions que j’avais à L’Evolution psychiatrique , société que j’ai représentée au Congrès d’Athènes en 1988 où l’Association soviétique, ayant affirmé que dans le cadre de la glasnost et de la perestroïka ces abus seraient supprimés fut réadmise au sein de la Mondiale lors d’une Assemblée générale extraordinaire en même temps qu’une association indépendante de psychiatres. Finalement d’ailleurs la dissolution de l’URSS en 1991 fit qu’il y aura ultérieurement autant de d’associations de psychiatrie que de républiques ex- soviétiques membres de l’Association.

Le VII Congrès mondial à Mexico et les relations franco- mexicaines en psychiatrie.

Je n’ai pas pu assister au Ve Congrès Mondial organisé à Mexico par le professeur Ramon de La Fuente Muñiz (1921-2008), car je venais de prendre des fonctions de chef de service à l’Institut Marcel Rivière à La Verrière auprès du professeur Sivadon qui faisant partie du comité exécutif de la Mondiale devait y être présent. Nous recevions d’ailleurs à cet Institut de nombreux visiteurs ou stagiaires espagnols et latino- américains.  Mais le professeur de La Fuente a aussi organisé plus tard en 1988 avec le professeur Yves Pélicier (1926-1993) un colloque franco-mexicain auquel j’ai participé avec plusieurs collègues français et qui m’a permis de connaître des collègues mexicains notamment le professeur Hector Pérez-Rincon dont je n’avais pas fait la connaissance quand il était venu faire un stage à Sainte-Anne dans un service où j’ai moi-même été interne ! Mon ami Hector Pérez-Rincon est rédacteur en chef de Salud mental, organe de l’Instituto nacional de salud mental de Xochimilco, je vais toujours partie du comité international de cette revue publiée en espagnol avec quelques articles en anglais et j’ai été invité à parler en espagnol à cet institut par le professeur de la Fuente. Le professeur Pérez-Rincon a traduit et publié au Fondo de Cultura Economica trois de mes ouvrages et j’ai eu la satisfaction de voir qu’ils étaient lus par les étudiants lorsque je suis retourné au Mexique. Je ne me souviens plus très bien de combien de voyages j’y ai fait, près d’une vingtaine, en des occasions très diverses soit des colloques franco-mexicains organisés avec GLADET avec l’aide de l’Ambassade de France, soit des congrès nationaux de l’Association Mexicaine de Psychiatrie et surtout l’année où les relations entre la France et le Mexique étaient consacrées à la médecine. Grâce en particulier au docteur Jean-Pierre Lauzel j’ai fait à la demande du Ministère des Affaires étrangères une série de conférences pendant la semaine réservée à la psychiatrie au cours de l’année où les relations entre la France et le Mexique étaient consacrés à la médecine dans des universités de plusieurs états mexicains. Le docteur Lauzel recevait dans son service de Sainte-Anne des stagiaires venus du Mexique et aurait donc été plus qualifié que moi, mais le Quai d’Orsay souhaitait pour la psychiatrie un conférencier hispanophone et j’ai ainsi parcouru plusieurs des états mexicains J’ai été nommé « profesor honorario » à l’Université de Guadalajara et je suis un des trois éditeurs d’une Antologia de textos clasicos de la psiquiatria latinoamericana édité par GLADET, ouvrage qui vient d’être réédité en 2015.

Un autre lieu d’échanges était apparu avec la fondation de l’IPLE, Instituto de psiquiatras de lengua española dont font partie des psychiatres hispanophones exerçant non seulement en Europe et en Amérique latine mais aussi en Amérique du Nord notamment aux USA où ils sont nombreux..

Il s’était constitué entre-temps à Paris une Association Franco- Mexicaine de Psychiatrie et de Santé Mentale dont le premier président était le professeur Serge Lebovici (1915-2000), association qui vient d’organiser en janvier à Sainte Anne un colloque auquel a participé Sergio Villaseñor Bayardo. Celui-ci était venu à Paris pour y rédiger sa thèse Vers une ethnographie mexicaine : la médecine traditionnelle dans une communauté nahua du Guerrero qu’il a soutenue le 3 décembre 1997 devant un jury présidé par le professeur Christian Duverger dont je faisais partie ; si le texte est en français celui des « annexes » c’est-à-dire les notes prises sur le terrain auprès de ces médecins traditionnels sont en espagnol avec un glossaire nahuatl- français. Depuis cette soutenance je suis resté constamment en contact avec Sergio Villaseñor qui a organisé un grand nombre de rencontres franco -mexicaines jusqu’au récent IVe Congrès mondial de psychiatrie transculturelle qui s’est tenu à Puerto – Vallarta en novembre 2015, juste après le passage de l’ouragan Patricia.

Les Congrès Mondiaux et Congrès régionaux de l’AMP à partir de 1966.

J’ai participé au VIIIe Congrès Mondial organisé par la puissante American Psychiatric Association à Honolulu en 1966 à l’issue duquel le professeur Pichot a été élu président de l’Association Mondiale pour un mandat particulièrement compliqué en raison de la condamnation de l’utilisation abusive de la psychiatrie à des fins de répression politique en URSS et dans d’autres pays totalitaires prononcée par l’Assemblée générale .Celle-ci adopta pour éviter de tels abus une Charte d’éthique dite d’Hawaï qui a d’ailleurs été révisée par un autre texte dit  Hawaï –II.

On oublie que c’est à Honolulu que fut adoptée une résolution demandant aux sociétés nationales de psychiatrie qui en possédait une de réviser leur classification des maladies et troubles mentaux pour la mettre en concordance avec le chapitre V (F) de la Classification internationale des maladies de l’OMS . En URSS les expertises médico-légales des dissidents concluaient à l’existence chez eux d’une schizophrénie torpide, catégorie diagnostique ignorée au niveau international.   Mais seule l’APA procéda à la révision du DSM II et publia en 1980 le DSM III en concordance avec la CIM 9 de 1979 ; monsieur Pichot fut chargé de superviser les traductions du DSM dans les différentes langues latines.

Lorsqu’à nouveau un Congrès Mondial fut organisé en Amérique latine, le cours du IXe Congrès Rio de Janeiro en 1993 fut organisés par la Société médico-psychologiques un colloques franco-brésiliens,  mais nous avons aussi constaté que l’extension de la République Fédérale du Brésil sur la moitié du continent sud-américain fait que les psychiatres brésiliens qui exercent dans certains états très éloignés de Rio ne participent pas nécessairement à un congrès même mondial organisé dans cette ville.

L’Association Mondiale va à partir de son IXe Congrès à Rio faire alterner des congrès mondiaux séparés par un intervalle de trois ans entre eux organisés dans de grandes capitales auxquels participeront toutes les sociétés nationales et des congrès dits « régionaux » , auxquels ne participeront que les sociétés nationales des régions entre lesquelles le monde est divisée , « régions » qui couvrent soit tout un continent, soit une de ses parties. L’Amérique  est ainsi divisée en plusieurs régions avec donc des congrès dits régionaux en ce sens et il en est de même pour l’Europe.

L’antipsychiatrie.

L’histoire de la psychiatrie a été marquée à la fin du XXe siècle par le mouvement de contestation que le psychiatre né en Afrique du Sud David Cooper (1931-1986) à nommé « antipsychiatrie », mouvement qui a pris des formes extrêmement variées selon les pays et les continents où il s’est manifesté à travers le monde. La meilleure analyse qui en a été faite pour l’ensemble du monde est celle d’un collègue vénézuélien Freddy Seidel Diaz dans une thèse de philosophie et d’histoire des idées intitulée Antipsychiatrie : Approche historique et critique soutenue en 1998 devant un jury présidé par le professeur Georges Lantéri-Laura (1930- 2004) dont je faisais partie (8). Freddy Seidel a fait ses études de médecine à l’Université de Carabobo à Valencia où l’enseignement de la psychiatrie a été introduit par Josep Solanes médecin républicain espagnol réfugié en France, où il a soutenu sa thèse avant de partir pour le Venezuela, et dont Seidel   parle dans sa thèse.

Ouvrons à ce propos une parenthèse sur l’histoire de la psychiatrie pour dire que Solanes avait été accueilli à Toulouse par Maurice Dide (1873-1944) qui a lui-même été déporté pour faits de Resistance à Buchenwald où est mort. Or Dide est l’auteur avant guerre avec Guiraud de la Psychiatrie du Médecin parisien, ouvrage connu comme le « Dide et Guiraud » et réédité sous le titre Psychiatrie clinique par Guiraud seul en 1956, année où je prenais moi- même des fonctions d’interne des hôpitaux psychiatriques à Villejuif. J’ai donc été invité 44 ans plus tard à comparer les trois éditions qu’a eu ce manuel lors du Colloque organisé par l’Association ERIE et l’Evolution psychiatrique le 8 décembre 1990 , année où le CHS de Villejuif a pris le nom de Guiraud ; cette fois j’y reviens au bout de 25 ans seulement, mais en dernier j’ai surtout été invité à parler à l’annexe du CHS Paul Guiraud à Clamart.

Je ne suis allé moi-même à Valencia invité par l’Université de Carabobo que beaucoup plus tard alors qu’avait été proclamée la République bolivarienne. Seidel qui s’est lui installé définitivement en France a bien connu David Cooper dans les dernières années de sa vie qu’il a passé à Paris où il est mort, mort qui a donné lieu à beaucoup de légendes alors qu’elle semble être due à l’alcoolisme chronique donc il souffrait ; il est curieux qu’aucune étude n’est été consacrée à la vie et l’œuvre de Cooper. L’antipsychiatrie n’a-t-elle été qu’un feu de paille, comme le dit Pierre Pichot dans Un siècle de psychiatrie ou bien a-t-elle influencé le cours de l’histoire de la psychiatrie ? La revue l’Information psychiatrique vient de consacrer sa rubrique Mémoires vives, dont deux des trois rédacteurs sont d’origine argentine, à des interviews de psychiatres français pour avoir leur point de vue sur cette question ; leur nationalité d’origine m’amène à faire maintenant le point sur les relations franco-argentines en psychiatrie.

Les relations franco-argentines à la fin du XIXe siècle.

En ce qui concerne les relations entre la France et l’Argentine il faut rappeler que pendant les années de la dictature militaire instaurée en 1976 par une junte présidée par le général Videla beaucoup de psychiatres argentins se sont réfugiés en France et que plusieurs d’entre eux se sont faits analysés à Paris. Comme ils y ont vécu lorsque les idées de Lacan étaient connues en dehors des milieux psychiatrique et psychanalytique dans le grand public à la suite de la publication du recueil des Ecrits et ceux-ci ont été, ainsi que les Séminaires traduits et publiés en espagnol à Buenos-Aires, cette ville est devenue la capitale mondiale du lacanisme. Dans la première « biographie de Freud » sous-titrée « le siècle de la psychanalyse », publiée en 1996 à Buenos-Aires par un latino-américain, Emilio Rodrigué (1923-2008) Lacan est cité pas moins de 35 fois (9)!

L’histoire de l’introduction de la psychanalyse sous la forme de courants orthodoxes ou dissidents tant en Argentine, qu’au Mexique et au Brésil étant particulièrement compliquée je ne me risquerai pas à l’aborder ici

J’avais fait la connaissance de Juan-Carlos Stagnaro lorsqu’il vivait à Paris. Mais c’est après son retour d’exil en Argentine qu’il m’a régulièrement invité au Congrès de l’APSA pour des colloques franco-argentins autour de la psychiatrie française du XXe siècle souvent centrés sur l’œuvre de mon maître Henry Ey car l’éditeur Polemos avait entrepris de publier la traduction en espagnol des grandes œuvres du maître de Bonneval, les Etudes psychiatrique et le Traité des hallucinations qui n’avaient pas été traduites de son vivant, traductions dans lesquelles mon ami uruguayen, Humberto Casarotti a joué un rôle primordial ; il m’avait d’ailleurs invité à parler au Cercle d’études Henri Ey qu’il anime à Montevideo. Casarotti vient de traduire La conscience (8° , ouvrage à nouveau publié chez Polemos (10) ; ce qui est amusant est que c’est moi, un français, qui ait fait se connaître ces deux latino-américains qui habitent deux capitales qui ne sont séparées que par l’estuaire du Rio de La Plata qui est quand même plus facile à traverser que l’océan Atlantique !

J’ai remarqué que lorsqu’ont été publiés à Paris en 1998 sous le titre La lecture du monde des mélanges en hommage à Yves Pélicier un grand nombre des contributions à ce recueil étaient signés soit de psychiatres européens français ou espagnols, soit latino-américains, tous très actifs dans ces échanges entre l’Ancien et le Nouveau Monde (11)

Je dirai quelques mots du XIIe Congrès Mondial qui s’est tenu à Buenos Aires en 2011 et du XIIIe qui s’est tenu à Madrid en 2014 après avoir d’abord rappelé la place qu’a tenue dans les relations entre la France et l’Amérique latine celui du Jubilé de l’Association Mondiale que nous avons organisé à Paris en l’an 2000.

Le Congrès du Jubilé de l’Association Mondiale de Psychiatrie.

Lors d’une rencontre que je fis à un Congrès régional au Mexique avec le comité exécutif de l’Association Mondiale en exercice pour leur proposer d’organiser à Paris un congrès régional européen en l’an 2000 ses membres me demandèrent si les sociétés françaises n’accepteraient pas plutôt de commémorer le cinquantenaire de sa fondation dans cette ville en y organisant un congrès du Jubilé. Je leur répondis que je pensais pouvoir obtenir leur accord d’autant que je devais présider cette année là et la Société Médico-psychologique et de L’Evolution psychiatrie ce qui me permettait d’espérer au moins deux votes favorables en ce sens.

Nous avons proposé comme sujet : « penser la psychiatrie, de la clinique à la recherche » pour marquer qu’il fallait maintenir outre la recherche fondamentale une recherche clinique, et nous avons , dans la perspective d’une grande influence de congressistes venus du monde entier, retenu dans le Palais des Congrès de la Porte Maillot, dont la restructuration architecturales était en cours une douzaine de salles de capacité variable et avec des possibilités de traductions simultanées en deux, trois ou quatre langues que nous avons désignées par le nom des capitales où s’étaient déroulés les congrès mondiaux. Seule la séance solennelle d’ouverture se tint au Grand Amphithéâtre de la Sorbonne en souvenir de celle de 1950 qui s’était   tenu en ce lieu un demi-siècle plutôt. Le nombre de sociétés nationales représentées fut de plusieurs centaines avec notamment celles des pays anciennement colonisés et les républiques devenues indépendantes après la dissolution de l’URSS. Nous avons eu la surprise de voir que certaines sociétés nationales de psychiatrie ne comptaient que quelques membres individuels et de découvrir qu’il y en avait de clandestines dans des pays où des psychiatres sont persécutés pour des raisons politiques mais qui voulait absolument venir à Paris malgré le coût financier pour eux.

Le succès de ce congrès du Jubilé à Paris m’ valu d’être nommé membre à titre individuel de l’Association Mondiale lors du Congrès de Yokohama en 2002.Il se trouve que membre depuis longtemps de la Société franco-japonaise de médecine animée par les Professeurs Pichot et Pélicier qui organise depuis longtemps des rencontres sur des sujets psychiatriques alternativement en France et au Japon j’ai été indirectement concerné par les échanges culturels à travers le Pacifique entre le pays du Soleil levant et le Mexique. Ceux-ci ont été très importants dès le XVIIIe siècle où la médecine européenne est venue remplacer en Amérique et en Asie la médecine traditionnelle.

Au début du XXIe siècle plusieurs congrès ont permis de faire le point sur les échanges en psychiatrie entre la France et l’Amérique latine.

Le 6ème Congrès de l’Association européenne d’histoire de la psychiatrie.

Quand nous avons organisé en Septembre 2005 à Paris le 6ème Congrès de l’Association européenne d’histoire de la psychiatrie qui s’est tenu l’Hôpital Sainte-Anne nous avons eu également la surprise de voir que si des intervenants venaient de onze pays européens d’autres le faisaient d’Argentine, du Brésil, du Canada , des Etats Unis d’Amérique et du Mexique, et que leurs interventions portaient le plus souvent sur les échanges historiques entre la psychiatrie européenne et celle de leur propre pays(11°.

Le XIIe Congrès Mondial : Buenos-Aires 2011.

Le XIIe Congrès Mondial organisé par à Buenos Aires a connut un succès d’affluence incroyable avec la venue de milliers de congressistes de toute l’Amérique latine y compris du Sud du Brésil. Nous y avons organisé avec nos amis argentins de l’APSA des colloques en français et en espagnol qui firent le plein avec une assistance beaucoup plus nombreuse que celle des séances plénières avec traduction simultanée de conférences faites en anglais. J’y ai noté que le manuel de référence pour l’enseignement de la psychiatrie continuait à être en Argentine la traduction en espagnol de celui d’Henri Ey.

Le XIIe Congrès Mondial de Madrid.

Nous avons pu faire de même avec nos amis espagnols lors du dernier Congrès Mondial qui s’est tenu en 2014 à Madrid où à nouveau les collègues latino-américains étaient très nombreux, seuls les vénézuéliens n’ayant pas pu venir en Europe en raison de la situation politique et économique dans la République bolivarienne , mais nous avons constaté que les jeunes collègues tant français , espagnols et latino-américains préféraient maintenant présenter leurs communications dans des colloques en anglais avec traduction simultanée au risque d’un appauvrissement des échanges directs.

Nous verrons ce qu’il en sera lors du XVe Congrès Mondial prévu à Berlin en 2017. La psychiatrie aura-t-elle cessée d’être  une « science franco- allemande comme le disait ironiquement le Ramon Sarro i Burbano (1900-1993) qui avait pris contact dès la fin de ses études de médecine avec Sigmund Freud pour entreprendre une analyse avec lui à Vienne et qui a beaucoup plus tard à accueilli Jacques Lacan à Barcelone, ville où s’est tenu une session du Congrès de psychiatrie et de neurologie de langue française. Le professeur Sarro venait souvent à Paris notamment lors des réunions organisées à l’Hôpital Necker par le professeur Yves Pélicier et j’ai pu discuter avec lui du premier accueil des idées de Freud, puis de celles de Lacan en Espagne qui paradoxalement pour ce denier n’y furent connues qu’après leur retour d’Argentine, pays où l’œuvre de ce psychiatre français a été traduite en espagnol.

Je voudrai souligner que les langues, français et espagnol, dans les quelles ont été écrits les textes que j’ai cités à propos de ces échanges entre la France et l’Amérique latine est celle littéraire beaucoup plus riche que celle courante utilisée dans la vie quotidienne beaucoup plus facile à comprendre. Mais je crains que si les psychiatres utilisent pour leurs échanges internationaux une novlangue cela n’entraine un appauvrissement.

Textes cités.

1.- Janet P. De la angustia al éxtasis. (1926) México: Fondo de Cultura Económica; 1991.

2.- Guiraud P. Pathogénie- Etiologie des délires. In I pp.-49 Psychopathologie des délires. Congrès international de Psychiatrie .Paris. Hermann & Cie; 1950

3.- Ey H. Estudios sobre los delirios. Madrid: Paz Montalvo; 1950.

4.- Ey H. La dissolution de la conscience dans le sommeil et le rêve et ses rapports avec la psychopathologie (Esquisse d’une théorie de la relativité de l’être conscient et de diverses maladies mentales. Proceedings of the IV World Congress of Psychiatry. Excerpta Medica Foundation. Amsterdam ; 1967. (1 p. 139-157)

6.- Villaseñor Bayardo J., Rojas Malpica C, Garrabé de Lara J. Antología de textos clásicos de la psiquiatria latino-americana. GLADET.

7.- Villaseñor Bayardo S. Vers une ethnopsychiatrie mexicaine : la médecine traditionnelle dans une communauté nahua du Guerrero. Villeneuve d’Asq : Presses Universitaires du Septentrion

8.- Seidel-Diaz F. Antipsychiatrie : approche historique et critique. Thèse de philosophie et histoire des idées. Université Paris XII-Val de Marne ; 1998.

9.- Rodrigué E. Sigmund Freud. El siglo del psicoanálisis .Buenos Aires: Editorial Sudamericana; 1996.

10.- Ey H. La conciencia (traducción H. Casarotti). Buenos-Aires: 2013.

11.- Psychiatrie dans l’histoire. Actes du 6ème Congrès de l’Association européenne pour l’histoire de la psychiatrie publié sous la direction de J. Arveiller ; Presses Universitaires de Caen ; 2008.