STAGES ET ECHANGES FRANCO-ARGENTINS

A l’intention des internes en psychiatrie désireux d’effectuer un stage en Argentine – 2010

Le service de santé mentale de l’hôpital de San Isidro a déjà par le passé accueilli a plusieurs reprises des internes français pour des stages de durée variable (cf retour de stage). Le docteur Guillermo Belaga, chef de service et le Pr Juan Carlos Stagnaro, président de l’Association argentine de psychiatrie, sont désireux de voir ces échanges se poursuivre et se renforcer.

Pour partir, il existe deux possibilités

- partir au cours d’une disponibilité d’un semestre, en organisant un stage d’une durée variable.

- effectuer un semestre complet, validé et financé, dans le cadre des « budgets sac-à-dos »proposés par le bureau des internes de l’APHP. Pour cela il est nécessaire de remplir un dossier comportant l’accord du coordinateur de DES de la région d’origine, ainsi que celui du chef de service de l’établissement d’accueil. Ce dossier doit être envoyé avant le 30 novembre pour le semestre d’été, et avant le 30 mai pour le semestre d’hiver. Il est ensuite soumis à l’acceptation du bureau des internes. Cette possibilité est réservée aux internes ayant déjà validé plus de 5 semestres…

En plus du stage, il est possible d’accéder à la très riche activité intellectuelle porteña, en assistant à un grand nombre de séminaires, pour la plupart en accès libre.

Il s’agit d’une expérience enrichissante, de pratique et de découverte de la psychiatrie dans un contexte culturel et social différent, dans un pays conservant une forte tradition clinique.

Pour plus de renseignement écrire à isabellesalmona@gmail.com

 

Retour de stage

ESTELLE BRENON – 2007

Période : du 05 Novembre 2007 au 26 Février 2008.
Lieu : San Isidro, Hospital General, Service de Santé Mentale (Salud Mental).

Activités :
– majoritairement , suivi en consultations de patients ayant des troubles psychiatriques de tous types, en doublon avec le Docteur Emilio Vaschetto, de 10h à 13h, du lundi au Vendredi sauf le jeudi.
– Participation au staff de 9h à 10h au cours duquel l’équipe soignante (psychiatre, Interne de psy, psychologue) discute des patients hospitalisés aux urgences ainsi que des patients suivi en liaison, et hospitalisés dans des services de médecine ou chirurgie.
– Quelques matinées aux urgences
– Quelques consultations de psychiatrie de liaison
– Participation aux séances de supervision après13h
– Présentation d’une bibliographie
– Participation au cours théoriques une fois par semaine le mercredi matin.
– Participation ponctuelle à un groupe de parole des patients dits « incurables » avec 2 psychologues et un psychiatre
– Visite d’un appartement thérapeutique (maison où vivent 4 patients atteints de psychose chronique)

Le stage était non rémunéré et non validé par le système français. C’est dans la cadre d’une disponibilité de six mois que je l’ai effectué avec un financement totalement personnel. Je suis partie seule. Les objectifs initiaux de ce voyage étaient d’apprendre l’espagnol et de vivre une
expérience de décentrage en immersion quasi totale, dans un nouveau pays, une nouvelle langue et une autre culture. Le stage en psychiatrie répondait parfaitement à ces deux objectifs.

L’accueil, la formation et l’accompagnement d’Emilio ont été extraordinaires. J’ai été initié à l’approche psychanalytique lacanienne « pragmatique » dans un cadre de prise en charge psychiatrique à l’hôpital public, ce que je n’avais pas vu en France jusqu’alors dans les stages où je suis passée.
J’ai aussi pu réaliser ce qu’était un suivi ambulatoire, après avoir passé quatres semestres en service hospitalier en France. J’ai mesuré l’importance et l’influence de l’organisation du système de soins en le comparant au système français, aussi bien sur l’accès aux soins, le savoir-faire avec peu de moyens, la place centrale de la clinique et du traitement par la parole, dans un pays où il n’y pas de couverture sociale satisfaisante et où l’accès aux traitements médicamenteux est totalement dépendant des revenus des patients ou de la « générosité » des laboratoires. Les « résultats » n’étaient pas très différents de ceux que j’avais pu voir en France.

Pendant quatre mois, j’étais en grande difficulté pour communiquer avec les patients, étant novice en espagnol, ce qui m’a permis de perfectionner mes compétences en langage non verbal, de modifier mon  rôle dans la relation médecin-malade où les pouvoirs et savoirs sont souvent très déséquilibrés. Expérience riche et nouvelle que je garde en tête dans ma pratique quotidienne. Parler de la Tour Eiffel à un patient psychotique argentin qui vous reprend sur le vocabulaire, c’est rare et précieux !

Le stage , bien que non validé, m’a permis donc d’apprendre la langue, de m’immerger dans le pays et d’apprendre énormément autour de la psychiatrie à tous points de vue. Le stage a fait partie intégrante d’un voyage de cinq mois et demi. Vivre à Buenos Aires a été l’occasion de s’adapter à une vie nouvelle, trouver un logement, rencontrer les commerçants du coin, construire une petit quotidien tout en découvrant sans discontinuer toutes les richesses de la ville. Car la ville elle-même est immense, grouillante de vie 24h sur 24, regorgeant de spectacles, concerts, centres culturels, de danse et de musique, de librairies, de stades, de parcs verdoyants, d’immeubles géants et de maisons bourgeoises. Chaque quartier (barrio) a sa vie, son architecture, son type de population, son ambiance. C’est un patchwork infatigable d’influence mixte européenne et latinoaméricaine. Un « Quilombo », comme ils disent, où il  faut bien plusieurs mois pour s’y retrouver. Après plusieurs mois de stage, dans l’ambiance énergique mais peu reposante de la mégalopole, il a été fabuleux de découvrir le reste du pays qui lui aussi est extrêmement varié. D’Ushuaia, en passant par les bijoux de la Patagonie, à la découverte de la Quebrada de las Conchas, puis de Humauaca en terminant par les Chutes d’Iguazu et les missions jésuites en ruines, ce fut un voyage inoubliable.

Je remercie le Professeur Stagnaro de m’avoir permis d’effectuer le stage, le Docteur Vaschetto qui m’a transmis son expérience avec une grande patience et gentillesse, le Docteur Mahieu de m’avoir orienté vers les bonnes personnes pour vivre cette expérience, expérience qui a été bien plus qu’un stage mais un passage unique de ma vie qui y a changé beaucoup de choses.

Retour de stage

CLEMENCE D’AUTUME – 2006

« Après un an d’internat en psychiatrie à Paris, une envie d’explorer d’autres horizons et de découvrir une autre pratique de cette spécialité m’a amenée à ouvrir une carte du monde à la recherche d’une destination.  Où aller ? Dans un pays emprunt d’une culture psychiatrique riche et présentant, également, un attrait touristique. Buenos Aires, la capitale où le nombre de psychologues par habitant est le plus important au monde, s’est imposée. Une rencontre avec des membres de l’Association franco-argentine a achevé de me convaincre et m’a permis de concrétiser ce projet.

J’ai  été accueillie , en tant qu’interne, dans le service de santé mentale du Dr Belaga à l’Hôpital Public de San Isidro pour une durée de quatre mois. J’ai  participé aux  différentes activités de ce service, en étant accompagnée d’un psychiatre, d’un psychologue ou d’un des internes. Les situations de crises aux urgences ou en consultation font souvent référence à un contexte culturel et social que j’ai pu découvrir peu à peu avec l’aide des professionnels du service. Les consultations de suivi avec le Dr Emilio Vaschetto – qui a toujours su prendre le temps de me faire partager ses connaissances – m’ont permis de suivre l’évolution de ses patients. Ceux-ci s’étant habitués à ma présence et à mon accent très reconnaissable, j’ai pu avec le temps participer davantage à leur prise en charge.

Malgré un contexte socioculturel différent, la pratique argentine de la psychiatrie m’a paru similaire à celle que je connaissais en France,  notamment au niveau de l’organisation du service, de la définition des pathologies et de leur prise en charge. J’ai néanmoins été particulièrement frappée par la qualité de la relation médecin-patient. La proximité et la facilité de contact que l’on observe dans la vie quotidienne en Argentine se retrouve naturellement en psychiatrie.  Embrasser et tutoyer certains patients, ou laisser parfois « filer » la conversation, m’a paru très surprenant au départ. Mais cela ne pourrait-il pas faciliter la relation de confiance entre le médecin et son patient et ainsi améliorer l’observance des patients chroniques ? De plus les argentins  semblent  montrer moins de réticence à consulter et en parlent plus ouvertement. Ainsi, là-bas, on ne dit pas « je vois quelqu’un » mais simplement « estoy en terapia ». Il m’a semblé que cette facilité à parler de soi sans pudeur ni tabou pouvait faire avancer plus rapidement la prise en charge dès les premières consultations.

La découverte d’une nouvelle culture et d’une approche différente de la psychiatrie s’est révélée réellement très enrichissante. Je serais très contente d’aider tous ceux, argentins ou français, qui souhaiteraient vivre cette expérience afin de développer davantage les relations entre ces deux pays.

 

Heinrich/Enrique RACKER

L’ASSOCIATION FRANCO ARGENTINE
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Heinrich/Enrique RACKER
Vous avez dit contre-transfert ?

sous la direction de Martín Reca, 2014

racker

« Le sens donné au contre-transfert et l’importance attachée aux problèmes correspondants dépendent du sens que l’on donne à la fonction de l’analyste à l’intérieur du processus psychanalytique de transformation interne. » H. RackerEn septembre 1948, à Buenos Aires, Heinrich/Enrique Racker (Neu-Sandez, Pologne, 1910 – Buenos Aires, Argentine, 1961) prononçait une conférence intitulée « La Névrose de contre-transfert » laquelle introduisait la notion du contre-transfert comme outil thérapeutique. En 1949, au Congrès de Zürich, Paula Heimann décrivait les mêmes fonctions du contre-transfert dans sa contribution devenue célèbre « On countertransference ». L’un et l’autre, d’une manière tout à fait indépendante, donnaient ainsi à la notion freudienne une stature conceptuelle et une portée technique bien précise qui allaient marquer un tournant révolutionnaire dans le mouvement psychanalytique mondial.

Racker consacra l’essentiel de sa vie professionnelle à l’étude systématisée du contre-transfert, identifiant, avec une acuité clinique exceptionnelle, sa force performative dans l’agieren transférentiel et sa puissance transformatrice dans les cures.
Point de controverses majeures entre les différents courants théoriques de la psychanalyse et, pour beaucoup, ligne de partage entre les techniques interpersonnelles des psychothérapies et les processus spécifiquement intrapsychiques de la psychanalyse, le contre-transfert est un concept riche et souvent malentendu.

L’Association franco-argentine de psychiatrie et de santé mentale (AFAPSM) lui consacre ce recueil qui comporte les principales contributions de l’hommage rendu à H. Racker à Paris, en 2004.

Cet ouvrage contient des textes de A. Dagfal (historien de la psychanalyse), Martin Reca (Afapsm), Esthela Solano-Suarez (psychanalyste de l’AMP), Daniel Widlöcher (ancien Président de l’API) et deux articles originels de Racker traduits pour la première fois en français, grâce au concours de Gilbete Gensel.

 

SOMMAIRE
Avant-propos………………………………………………………9

Introduction………………………..………………………………13

CHAPITRE 1
Heinrich Racker et l’histoire du contre-transfert…………17
Par Alejandro Dagfal

CHAPITRE 2
Une présentation sommaire de la conception « rackerienne » du contre-transfert……………………………………………………………………..…..31
Par Martin Reca

CHAPITRE 3
Contre-transfert et co-pensée dans l’écoute analytique…….47
Par Daniel Widlöcher

CHAPITRE 4
Contre-transfert et désir de l’analyste……………….……………57
Par Esthela Solano-Suarez

CHAPITRE 5
Caractère et destin…………………………………………….71
Par Heinrich Racker

Gloses psychanalytiques à propos du film
Fenêtre sur cour de A. Hitchcock……………………………97
Par Heinrich Racker

Les auteurs……………………………………………109