CLEMENCE D’AUTUME – 2006
« Après un an d’internat en psychiatrie à Paris, une envie d’explorer d’autres horizons et de découvrir une autre pratique de cette spécialité m’a amenée à ouvrir une carte du monde à la recherche d’une destination. Où aller ? Dans un pays emprunt d’une culture psychiatrique riche et présentant, également, un attrait touristique. Buenos Aires, la capitale où le nombre de psychologues par habitant est le plus important au monde, s’est imposée. Une rencontre avec des membres de l’Association franco-argentine a achevé de me convaincre et m’a permis de concrétiser ce projet.
J’ai été accueillie , en tant qu’interne, dans le service de santé mentale du Dr Belaga à l’Hôpital Public de San Isidro pour une durée de quatre mois. J’ai participé aux différentes activités de ce service, en étant accompagnée d’un psychiatre, d’un psychologue ou d’un des internes. Les situations de crises aux urgences ou en consultation font souvent référence à un contexte culturel et social que j’ai pu découvrir peu à peu avec l’aide des professionnels du service. Les consultations de suivi avec le Dr Emilio Vaschetto – qui a toujours su prendre le temps de me faire partager ses connaissances – m’ont permis de suivre l’évolution de ses patients. Ceux-ci s’étant habitués à ma présence et à mon accent très reconnaissable, j’ai pu avec le temps participer davantage à leur prise en charge.
Malgré un contexte socioculturel différent, la pratique argentine de la psychiatrie m’a paru similaire à celle que je connaissais en France, notamment au niveau de l’organisation du service, de la définition des pathologies et de leur prise en charge. J’ai néanmoins été particulièrement frappée par la qualité de la relation médecin-patient. La proximité et la facilité de contact que l’on observe dans la vie quotidienne en Argentine se retrouve naturellement en psychiatrie. Embrasser et tutoyer certains patients, ou laisser parfois « filer » la conversation, m’a paru très surprenant au départ. Mais cela ne pourrait-il pas faciliter la relation de confiance entre le médecin et son patient et ainsi améliorer l’observance des patients chroniques ? De plus les argentins semblent montrer moins de réticence à consulter et en parlent plus ouvertement. Ainsi, là-bas, on ne dit pas « je vois quelqu’un » mais simplement « estoy en terapia ». Il m’a semblé que cette facilité à parler de soi sans pudeur ni tabou pouvait faire avancer plus rapidement la prise en charge dès les premières consultations.
La découverte d’une nouvelle culture et d’une approche différente de la psychiatrie s’est révélée réellement très enrichissante. Je serais très contente d’aider tous ceux, argentins ou français, qui souhaiteraient vivre cette expérience afin de développer davantage les relations entre ces deux pays.